COPENHAGUE
Copenhague fut fondée en 1167 par Absalon, évêque de Roskilde, venu y construire un château sur une petite île de la côte du Seelland, non loin du village de Havn, littéralement le "port". Cette zone stratégique, qui fait le lien entre les deux plus riches provinces du royaume - le Seelland et le Skåne (Suède) -, se développe rapidement sous son impulsion : il y fait bâtir une tête de pont fortifiée à l'intérieur des terres, afin de protéger ce point de passage obligé vers la Suède et l'Øresund - riche en poissons - des attaques des pirates.
Au Moyen âge, Havn reste la propriété des évêques de Roskilde. Elle gagne en importance, grâce à ses activités commerciales, et devient la plus sérieuse concurrente de Lübeck, ville fondatrice de la Hanse : on la nomme alors Købmoendenes Havn, ou "Port-des-Marchands" (abrégé ultérieurement en København). Les Hanséates ne manquent pas d'attaquer la future Copenhague mais celle-ci survit et, en 1417, le roi Erik de Poméranie la reprend aux évêques pour en faire sa capitale. Elle se convertit au luthérianisme en 1536.
Sous le règne de Christian IV, Copenhague double de taille, avec l'adjonction du quartier de Christianshavn et de bâtiments de style Renaissance hollandaise, ou encore du quartier de marins de Nyboder. C'est également à cette époque que sont édifiés le château de Rosenborg, la tour Ronde et la Bourse.
Le royaume dano-norvégien vit alors sous le joug des Suédois, qui occupent tout le Danemark à l'exception de Copenhague. En 1658, le royaume doit abandonner les provinces de Skåne, Halland et Blekinge, qui bordent le Sund. Malgré un siège de plus de six mois en 1659, les Suédois ne parviennent pas à soumettre Copenhague, âprement défendue par ses habitants et leur souverain Frederik III. Les Suédois se retireront alors progressivement du pays. C'est depuis cette époque que Copenhague, originellement placée au coeur du royaume, occupe sa position excentrée de ville frontalière avec l'Est.
En 1660, Frederik III rétablit la monarchie absolue au cours d'une cérémonie organisée au château de Copenhague, où son arrière-petit-fils, Christian VI, fera construire le premier château de Christiansborg. En 1748, Frederik V, célébrera le tricentenaire de la dynastie des Oldenbourg sur le trône de Danemark en faisant construire le quartier d'apparat baroque et rococo de Frederiksstaden, autour des quatre palais d'Amalienborg.
Deux grands incendies détruisent Copenhague en 1728 et 1795. A chaque fois, la ville se relève : la première reconstruction donnera naissance aux demeures baroques des années 1730 ; la seconde aux maisons blanches de style néoclassique. Ce siècle sera également une époque florissante pour les marchands, qui s'enrichissent grâce au commerce de la porcelaine d'Extrême-Orient. Les marchands d'armes ne sont pas en reste et leur négoce, sous couvert de neutralité, irrite considérablement l'Angleterre. En 1801, l'amiral Nelson livre son célèbre assaut contre la ville qui, six ans plus tard, est en grande partie détruite sous les bombes anglaises. Le Danemark doit abandonner sa flotte, symbole de sa puissance. En 1813, la ville sombre dans la faillite avec l'ensemble du royaume. Cela ne l'empêche pourtant pas de vivre son "Age d'or" artistique et culturel. L'année 1843 voit l'inauguration des jardins de Tivoli. Après l'épidémie de choléra de 1853, la ville connaît une forte expansion -sa population triple- et s'étend au-delà des anciens remparts.
Copenhague devient le centre politique de l'Etat-providence social-démocrate, caractéristique du Danemark moderne. Ses salles de concerts résonnent de la musique de Carl Nielsen, tandis que Niels Bohr enseigne à toute une génération de prix Nobel de physique. De 1940 à 1945, la capitale subit l'occupation allemande.
Après la guerre, et aujourd'hui encore, elle ne cesse de grandir pour marquer de son empreinte une vaste étendue du Seelland. Avec l'ouverture en 2000 du pont la reliant à la Suède par-dessus l'Øresund, Copenhague, qui compte 1,4 million d'habitants, apparaît comme le coeur actif de la grande région transnationale de l'Østersø.
SEPTEMBRE 2002