Réponse de Mgr Nacachian, à l'occasion de la remise des insignes de commandeur de la Légion d'honneur par le Président de la République
Monsieur le Président, merci.
Mais comment vous exprimer tous les sentiments de reconnaissance et de gratitude que j'éprouve en ce moment privilégié, ici même, à l'Elysée avec vous, en la présence de Sa Sainteté KAREKINE II et de tous ceux qui nous entourent aujourd'hui. Car en me remettant l'insigne de Commandeur de la Légion d'honneur, ce n'est pas seulement à moi que votre générosité s'adresse mais, à travers ma personne, à l'Eglise arménienne tout entière pour laquelle, Monsieur le Président, vous avez toujours montré de l'intérêt et une sollicitude toute particulière.
C'est donc profondément touché par ces marques d'attachement fidèles que je vais m'efforcer de ne jamais cesser de me montrer digne et que j'aspire à y puiser des forces nouvelles pour continuer de servir dans le même souffle que par le passé, les yeux tournés vers l'avenir. L'avenir envisagé, vécu d'abord dans la fidélité au patrimoine spirituel, aux valeurs qui nous ont été léguées par nos ancêtres, ceux qui nous ont précédés, nos Saints, nos martyrs, auxquels se joignent tous les autres innombrables victimes des guerres, des génocides, des victimes tombées au champ d'honneur et enfin tous ceux dont la mémoire est honorée par l'Eglise universelle. Et le message de l'Eglise, une institution parmi les institutions composant la Nation, est un message d'amour, loi d'amour qui n'a pas de règles et encore moins de sanctions mais qui fait appel à la conscience individuelle de l'Homme, à son libre consentement, à son choix éclairé et qui est le garant de la solidarité entre les individus, entre les peuples, le garant de la solidité des familles et de l'épanouissement des jeunes générations, du progrès moral et de l'individu. Loi d'amour, amour de la Loi, honneur et patrie. Les valeurs et la réalité s'appellent et se répondent comme les sentiments et le souvenir dans ma mémoire.
Me permettez-vous, Monsieur le Président, d'évoquer un souvenir personnel. Lorsque j'étais étudiant de première année au séminaire d'Antélias, j'avais à peine 15 ans. Lors de la cérémonie de remise de prix de fin d'année, on annonce à la surprise générale la création et l'attribution d'un nouveau prix, le prix du zèle. A ma grande stupéfaction j'étais l'heureux attributaire de ce prix qui m'a habité et accompagné tout au long de mes années d'exercice jusqu'à maintenant. L'amour est le lien qui nous unit dans la communion spirituelle. L'amour est le lien qui nous invite à partager ensemble la grâce de la vie. L'amour est le lien qui nous réunit dans la liberté, l'égalité, la fraternité.
Nous restons ainsi, Monsieur le Président et Chers Amis, les yeux tournés vers l'avenir et la perfection à laquelle tendent et continuent de tendre ardemment tous nos désirs et tous nos efforts.
Allons, Enfants !