Allocution de M. Jacques CHIRAC, Président de la République lors de sa visite à la délégation française des Jeux Paralympiques 2002.
Salt Lake City (Etats-Unis) le vendredi 1er mars 2002.
Cher Président AUBERGER, Cher Président SERANDOUR, Madame la représentante de Madame la Ministre de la Jeunesse et des Sports, Mesdames, Messieurs les Athlètes, Mes chers Amis,
D'abord, je vous remercie, Monsieur le Président, très sincèrement pour votre accueil. C'est un accueil que je connais déjà, dont j'ai déjà bénéficié et qui me va toujours droit au coeur. Je suis très heureux de vous retrouver, entouré de toutes celles et de tous ceux qui vont partir, vous l'avez dit, pour Salt Lake City.
Dans moins d'une semaine, le 7 mars prochain, s'ouvriront les 8e Jeux paralympiques d'hiver. À la veille de votre départ, je suis venu vous exprimer, dans cette belle résidence qu'André AUBERGER a voulue avec une telle détermination et que nous avons, lui et moi, inaugurée ensemble, mes sentiments d'estime, de respect et d'amitié. C'est, en effet, ma troisième visite à la délégation paralympique française, à la veille des jeux et, aujourd'hui qu'elle se lance dans la compétition, je voudrais lui adresser mes encouragements les plus vifs et vraiment les plus chaleureux.
Le Président SÉRANDOUR, que je suis heureux de saluer ici, est lui-même de retour des États-Unis. J'imagine combien il est heureux et fier, comme nous le sommes tous, de nos champions olympiques.
La délégation française a obtenu les meilleurs résultats jamais atteints, en France, aux Jeux olympiques d'hiver : onze médailles, dont quatre d'or, nous avons ainsi battu les records d'Albertville et de Grenoble en 1968 !
Nos champions olympiques ont déjà regagné leurs sites d'entraînement pour se préparer aux prochaines étapes du calendrier international. Aussi, je me tourne vers Bernard CHEVALLIER, l'heureux Président de la Fédération française de ski -qui a une mine superbe et qui ne dissimule pas son sourire-, pour lui demander de transmettre à nos champions, en mon nom, et au nom de tous les Français, qui sont tous très admiratifs, mes félicitations les plus vives et là aussi les plus chaleureuses, ainsi que tous mes encouragements pour les prochaines épreuves de la coupe du monde.
La neige des Montagnes Rocheuses est favorable aux tricolores : ces magnifiques médailles en sont la preuve. Elles sont de bon augure pour vous, pour vous toutes et vous tous qui tenterez à Salt Lake City, sur les mêmes installations, de dépasser, et c'est ce que nous souhaitons tous, les résultats superbes qui avaient été acquis à Nagano, il y a quatre ans.
En 1998, vous aviez remarquablement réussi. Avec vingt-deux médailles, ce qui était un palmarès extraordinaire.
Aujourd'hui, Didier RIEDLINGER porte haut le drapeau d'une délégation et portera de façon prestigieuse le drapeau d'une délégation forte de vingt-quatre athlètes, cette délégation française à Salt Lake City. La compétition sera rude, naturellement, pour chacune et chacun d'entre vous. Vous vous y êtes préparés, je le sais, avec le plus grand soin : depuis un an, vous multipliez les entraînements et les confrontations nationales ou internationales. L'équipe de ski nordique a même participé, je crois que c'était en mars 2001, à la coupe du monde sur le site paralympique.
Je sais que vous avez la combativité, la soif de victoire, la rage de vaincre. Ces qualités qui font les très grands champions, celles qui repoussent encore plus loin les limites de chacun.
Je sais aussi que vous avez ce professionnalisme, cette rigueur, cet esprit d'équipe, cette passion, en un mot, sur lesquels prennent appui les plus belles victoires.
"Un champion ne se fait jamais seul". C'est Isabelle BLANC qui l'a rappelé après avoir conquis la première médaille d'or française à Salt Lake City. Vous pouvez compter, dans cette compétition, je le sais, sur le soutien, sur le talent et la compétence de vos entraîneurs, des techniciens, de toutes celles et de tous ceux qui vous accompagnent. Je tiens tout particulièrement à saluer le dévouement de celles et de ceux qui vous entourent, dont la quasi-totalité sont, je le souligne, des bénévoles. Je souhaitais leur rendre l'hommage qu'ils méritent et leur exprimer également mon estime et mes félicitations pour le travail très remarquable qu'ils effectuent auprès de vous. Hommage que j'ai rendu à leurs homologues pour les Jeux olympiques.
Je veux souligner aussi, le Président AUBERGER l'a évoqué, le rôle de vos partenaires, et tout particulièrement le rôle d'EDF, une grande maison, fidèle à la politique d'insertion qu'elle mène dans l'entreprise en faveur des personnes handicapées. EDF apporte son soutien financier mais aussi son soutien technique à la Fédération Handisport. Et je souhaite que son représentant, que j'ai salué tout à l'heure, veuille bien transmettre nos sentiments de reconnaissance au Président ROUSSELY qui est absent aujourd'hui.
Vous pouvez compter aussi sur le soutien de votre parrain, "un parrain en or", le champion olympique Jean-Luc CRÉTIER, qui a remporté à Nagano l'épreuve reine du ski alpin, la descente, qui aurait déjà dû prendre son avion pour les États-Unis avant d'être présent avec vous à Salt Lake, et qui, gentiment, parce qu'il y avait cette réunion aujourd'hui, a décalé son départ. Je le remercie chaleureusement. Je ne doute pas que c'est pour vous qu'il l'ait fait. J'en prends un petit bout pour moi aussi, il n'y a pas de raison ! Et donc, je le remercie en notre nom à tous et de tout coeur.
"La technique, ça s'apprend, la passion, ça se donne", on dit cela en général. Et qui, mieux que Jean-Luc CRÉTIER, saurait vous communiquer cette flamme ? Lui qui a vraiment incarné dans sa médaille, au-delà de la compétence, au delà de la qualité, à tous égards, du style, de la passion et qui a gagné. Depuis cinq ans, il parraine l'association Antenne Handicap qui propose aux handicapés des activités de montagne. Il le fait avec cette générosité qui est la marque des très grands champions, que l'on trouve, je dirais, plus souvent que chez d'autres catégories de personnes éminentes, chez les grands champions sportifs. Lui, Jean-Luc, qui a pris conscience des difficultés, qui connaît mieux que tout autre les difficultés que vous devez surmonter dans les compétitions, je voudrais le féliciter pour ce qu'il fait et surtout le remercier pour ce bel exemple qu'il nous donne et cette belle image qu'il donne de la France.
Vous toutes et vous tous, et tout particulièrement vous, les athlètes de très haut niveau, vous allez vivre à Salt Lake City des moments tout à fait exceptionnels, des moments qui restent gravés dans l'âme, dans le coeur, dans la tête de ceux qui y ont participé. Vous allez vous battre contre le temps, contre vos concurrents, contre vous-mêmes. Des années d'efforts, de souffrances vous ont permis de triompher de votre handicap. Aujourd'hui, la différence est effacée et l'exploit est à votre portée.
Les qualités qui sont essentielles aux champions, c'est-à-dire la volonté, le courage, l'intelligence, la générosité, vous les possédez toutes et tous. Vous les cultivez même depuis si longtemps et avec tant d'espoir que vous avez gagné la plus belle des récompenses, la plus belle, vous l'avez déjà gagné c'est le coeur du public, le coeur des Français. Et ce coeur des Français, il vous accompagnera jusque sur les podiums auquel j'espère que le plus grand nombre possible d'entre vous accédera.
Mesdames et Messieurs les athlètes, tous les Français, sachez-le, seront à vos côtés et vibreront avec vous.
Vous allez représenter la France. Vous allez défendre nos couleurs. Nous avons une totale confiance en vous. Au nom de toutes les Françaises, tous les Français, je veux vous exprimer mes encouragements les plus vifs, les plus chaleureux, les plus sincères.
De tout coeur, je vous dis bonne chance et bon vent pour ces 8e Jeux d'hiver ! Et bravo pour cette magnifique leçon que, comme vos prédécesseurs, il y a quinze jours, vous nous donnez, mais vous peut-être plus encore qu'eux, en vous battant comme vous le faites avec passion, et avec cette envie de vaincre, de vous faire plaisir aussi qui est le gage des exploits les plus extraordinaires ! Et ces exploits, quelles que soient les médailles rapportées, et au-delà de ces médailles, vous les incarnez et vous les réussissez. Alors, de tout coeur, bravo et merci. |