INTERVENTION DU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE
LORS DE LA SESSION SPECIALE SUR LE DIALOGUE DES CULTURES ET DES CIVILISATIONS
SOMMET DE L'ASEM, COPENHAGUE, LE 23 SEPTEMBRE 2002
Les attentats du 11 septembre dernier ont ouvert une période d'incertitude, d'interrogations, de doute.
Sans justifier en rien la folie meurtrière des attentats, cette tragédie a confirmé que les fractures anciennes, la frustration née des conflits non réglés, le désespoir des laissés-pour-compte de la mondialisation sont un terreau fertile que les terroristes exploitent.
Un véritable piège nous est tendu par les terroristes : celui de nous entraîner vers un " choc des civilisations ".
Plus que jamais, le dialogue entre les cultures et les civilisations est nécessaire, un dialogue qui favorise le respect que les cultures du monde se doivent mutuellement. Un dialogue conduit avec humilité, sans arrogance, sans indifférence, car chaque civilisation, chaque culture est porteuse d'une expérience humaine, d'un accès à l'universalité.
En cultivant ce dialogue, nous pourrons mieux résister à un autre risque lié à la mondialisation : celui de l'uniformisation et son corollaire en réaction, la tentation du repli sur soi, de la crispation identitaire.
Les pays d'Europe et d'Asie réunis dans l'ASEM sont particulièrement bien placés pour faire progresser cette démarche : - ce sont des pays de civilisation ancienne, qui ont connu et connaissent la coexistence de peuples de traditions et de religions différentes ; - des pays dont l'histoire est faite d'affrontements et qui donc connaissent le prix de la paix ; - des pays qui ont montré leur volonté de coopérer, et pris l'initiative de créer cette instance de dialogue, d'amitié, de partage, que constitue l'ASEM.
De nombreuses initiatives ont été déjà prises dans le cadre de l'ASEM, pour permettre au dialogue sur les cultures et les civilisations de s'élargir à la société civile. Je pense en particulier : - à la Fondation Europe-Asie qui joue un rôle important dans les échanges culturels entre l'Asie et l'Europe, un rôle appelé à s'accroître encore. - au programme DUO destiné à favoriser les échanges universitaires et améliorer ainsi la compréhension mutuelle. - au partenariat parlementaire Europe-Asie (ASEP), établi dans le cadre de l'ASEM, et dont la deuxième réunion s'est tenue il y a un mois à Manille. - au séminaire "l'unité dans la diversité" qui se tiendra à Pékin en 2003, et dont la France -en sa qualité de co-organisatrice- entend faire une étape importante dans ce dialogue entre sociétés civiles.
Nos efforts communs doivent également s'exprimer dans le cadre de l'UNESCO. Comme vous le savez, j'ai proposé qu'une convention mondiale sur la diversité culturelle soit adoptée par la communauté internationale. Et j'ai cité le dialogue des cultures comme un des éléments essentiels de cette convention. Je sollicite votre soutien à cette initiative, car la diversité culturelle doit être préservée. Elle doit être garantie.
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Dirigeants de pays qui représentent un tiers de la population mondiale, de pays si proches et si différents à la fois, nous sommes les mieux placés pour adresser un signal fort : le refus des antagonismes entre civilisations, l'affirmation des valeurs de respect et d'écoute de l'autre, et aussi de partage. C'est un défi historique. |