ALLOCUTION PRONONCÉE PAR
MONSIEUR JACQUES CHIRAC PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE
A L’OCCASION DE LA RÉCEPTION OFFERTE PAR LA MINISTRE DE LA DÉFENSE
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HÔTEL DE BRIENNE
13 JUILLET 2003
Monsieur le Premier ministre, Mesdames et Messieurs les Ministres, Monsieur le Président du Conseil Constitutionnel, Madame et Messieurs les Ambassadeurs, Mon Général, Messieurs les Officiers Généraux, Mesdames, Messieurs,
Je suis heureux de venir rencontrer, comme le veut à la fois la tradition et pour moi le plaisir, à la veille de la célébration de notre Fête Nationale, les armées françaises et la gendarmerie. Demain, beaucoup d’entre vous, avec leurs unités, sur les Champs Elysées ou dans le ciel de Paris, auront à coeur de montrer à nos compatriotes le vrai visage de nos armées : celui de femmes et d’hommes enthousiastes, déterminés, fiers de servir leur pays dans des unités désormais assurées d’être mieux entraînées et mieux équipées.
Fiers, vous pouvez l’être quand on regarde le travail que vous avez accompli cette année encore sur les théâtres d’opérations où vous avez été déployés, en Afrique, en Asie et en Europe.
Le comportement de nos unités, leur disponibilité, le professionnalisme dont elles font preuve démontrent que les capacités militaires dont notre pays fait l’effort de se doter sont à la hauteur de nos ambitions sur la scène internationale.
Il m’est agréable aujourd’hui de récompenser par la Croix de la Valeur Militaire, dix soldats choisis parmi tous ceux qui ont su illustrer notre excellence militaire.
Sept ont participé à l’opération Licorne en Côte d’Ivoire. C’est une opération difficile, qui maintient sur le terrain plus de 4.000 hommes des trois armées et de la gendarmerie, soutenus depuis la métropole et nos bases africaines par des équipes encore plus nombreuses.
Je suis chaque jour, et de manière précise, les engagements de Licorne sur le terrain. J’ai donc pu mesurer le sang-froid exceptionnel dont il a fallu faire preuve dans des moments de tensions extrêmes alors même qu’une erreur d’appréciation au plus petit échelon aurait pu avoir les conséquences les plus graves. Si de tels résultats ont été rendus possibles c’est parce que, dans vos unités, la formation qui est dispensée s’efforce de responsabiliser chacun, quel que soit son grade, et qu’ainsi s’établissent des relations de confiance fortes entre chefs et subordonnés.
Mais il appartient à celui qui a été investi de la responsabilité de l’opération de faire en sorte que ce qui est possible devienne réalité. Je voudrais, à cet égard, rendre hommage au Général Beth qui a su montrer, à la tête de l’opération Licorne, les qualités que l’on attend aujourd’hui du chef militaire dans de pareilles circonstances : finesse d’analyse, intelligence de la situation, maîtrise de la force, aptitude au dialogue. Je lui remettrai dans un instant avec une estime toute particulière la Croix de la Valeur Militaire avec palme.
Les trois autres récipiendiaires se sont distingués dans les opérations que nous menons dans le cadre de la lutte contre le terrorisme international, sur terre en Afghanistan, sur mer dans le Golfe Arabo-Persique. Le terrorisme est l’une des menaces les plus sérieuses qui pèsent sur la sécurité de nos concitoyens et du monde. Certes, la réponse à cette menace n’est pas d’abord ni même principalement militaire. Mais les forces armées, comme c’est le cas dans les missions Palmyre et Héraklès, doivent trouver les modes d’action qui permettent de mettre leur potentiel au service de cette lutte. Il y a là, pour vous tous, un champ de réflexion et d'action immense.
Au moment où je vous parle, ces trois opérations se poursuivent. Mais elles ne sont pas les seules. Depuis plus de dix ans nos forces aident à la stabilité, avec compétence et dévouement, dans les Balkans. L’opération Artémis, qui a pour but d’apaiser les rivalités ethniques en Ituri, dans l’attente du déploiement de la relève de la MONUC, est aussi une opération exemplaire. Engagement à hauts risques conduit jusqu’à présent de façon remarquable depuis la base avancée d’Entebbe, elle est à bien des égards emblématique de cette nouvelle armée issue de la professionnalisation, une armée que vous construisez avec détermination depuis maintenant six ans. Elle est aussi la première grande opération menée dans le cadre de l’Union européenne et, à ce titre, elle concrétise les avancées significatives de la défense européenne dans laquelle les armées françaises jouent un rôle éminent.
Au total, ce sont près de 14.000 soldats français qui sont déployés aujourd’hui dans diverses opérations au service de la sécurité et de la stabilité du monde.
Pour que, sur le terrain, vous puissiez être efficaces, il vous faut les moyens appropriés en terme de conditions de vie, d’entraînement, de maintien en condition opérationnelle et d’équipements. Ces moyens, j’ai tenu à ce que vous les ayez. C’est l’objet de la loi de programmation militaire 2003-2008 votée par le Parlement. Tout au long de cette année 2003, j’ai veillé à ce que les engagements de cette loi soient respectés, comme je veillerai à ce qu’il en soit ainsi pour l’avenir et notamment en 2004. Les ambitions de cette loi sont raisonnables mais l’effort en termes budgétaires qu’elle représente est considérable, surtout dans la période actuelle. Vous devez en avoir conscience.
Nos armées, grâce à l’effort consenti par le pays et grâce à votre engagement courageux et généreux, sont sur le chemin du renouveau.
Mesdames et Messieurs,
Je salue chaleureusement les personnalités étrangères présentes parmi nous et notamment le Général Commandant l’Eurocorps et ses personnels.
Je vous exprime ma confiance et mon estime, et celles de la nation tout entière. Je vous remercie. |