ALLOCUTION PRONONCÉE PAR MONSIEUR JACQUES CHIRAC
PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE
A L’OCCASION DE LA REMISE DES INSIGNES
DE COMMANDEUR DE LA LÉGION D’HONNEUR
A MONSIEUR SHOICHIRO TOYODA
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(JAPON)
Tokyo - Résidence de France - Lundi 27 avril 1998
Monsieur l'Ambassadeur, merci de votre accueil,
Monsieur le Ministre, merci de votre présence,
Monsieur le Président, je suis heureux de vous retrouver, quelques heures après vous avoir quitté,
Messieurs,
Je suis très heureux de cette occasion de vous rencontrer, de vous saluer et de vous dire toute l'estime que j'ai pour votre pays et la façon dont l'économie du Japon, malgré les difficultés, affirme sa solidité.
C'est un grand dirigeant d'entreprise, un homme au rayonnement international, un ami de la France et aussi un ami personnel, que j'ai le plaisir d'honorer aujourd'hui.
Monsieur le Président, Cher TOYODA Shoichiro, permettez-moi de rappeler, conformément à l'usage, les principales étapes de votre carrière.
En 1947, vous êtes diplômé en ingénierie mécanique de l'université de Nagoya, votre région, celle où l'on fait, d'ailleurs aussi, de bons poulets. Vous obtiendrez également un doctorat dans cette spécialité et vous recevrez le prix Deming pour le contrôle de la qualité.
En 1952, vous rejoignez Toyota Motor, créé par votre père Kiichiro TOYODA en 1937. Vous en devenez membre du directoire, puis Directeur général, Vice-Président en 1972.
Lors de la fusion en 1982 entre les sociétés de fabrication et de commercialisation qui deviennent Toyota Motor Corporation, vous en prenez la présidence, fonction que vous occupez pendant dix ans avant de devenir Chairman en 1992.
Toyota Motor Corporation, qui emploie 150 000 personnes dans le monde, est aujourd'hui la première société japonaise et le troisième constructeur mondial. C'est aussi une entreprise universellement connue pour son sens de l’innovation et pour son système de production.
Ces années passées aux commandes de Toyota sont marquées par le déploiement de votre société en Amérique du Nord, en Asie et en Europe, en France notamment, car vous avez toujours porté un intérêt particulier au développement de votre groupe dans notre pays.
C’est ainsi que vous avez choisi Cherbourg pour la distribution des voitures importées du Japon et que trois sociétés de votre groupe se sont implantées en France : Koyo Seiko à Irigny, près de Lyon, dont l'extension a été inaugurée lors du Sommet du G7 en juin 96, Toyota Industrial Equipment à Ancenis, inauguré en octobre 96 par notre ministre de l'Economie, et Aisin Seiki qui dispose d'un centre de recherche fondamentale à Sophia Antipolis.
Mais votre investissement le plus spectaculaire dans notre pays est celui, récent, de l'usine de montage d'un nouveau véhicule à Onnaing près de Valenciennes, dont vous avez visité le site le 29 janvier dernier après notre entretien à l'Elysée. Cet établissement créera 2 000 emplois directs en janvier 2001, pour 150 000 voitures par an. Il témoigne de la confiance que vous portez à l'économie française.
Monsieur le Président, au-delà du dirigeant d'entreprise respecté, je veux encore saluer l'homme public, dont l'aura et le rayonnement dépassent largement l'archipel.
Elu Vice-Président du Keidanren en 1990, puis Président en mai 1994, réélu en mai 1996, vous avez employé votre autorité, votre sens de l’anticipation et votre force de conviction à accroître encore l'influence qu'exerce la grande organisation du patronat japonais. Vous vous êtes pour cela engagé personnellement dans la réforme de la fiscalité, la restructuration de l'économie japonaise, la déréglementation, le développement des relations commerciales avec les grands partenaires du Japon. Votre ouverture d’esprit, votre volonté d’aller de l’avant, votre ténacité, Monsieur le Président, suscitent l’admiration de tous.
Le prestige que vous avez acquis grâce à votre talent vous vaut de présider également, depuis 1996, le Conseil économique de l'Agence de planification économique et d’être membre du Conseil de la Réforme administrative où votre rôle, dans la poursuite de la modernisation de la société japonaise, est unanimement reconnu.
Et avant de vous remettre les insignes de votre grade, permettez-moi de présenter mes respectueux et affectueux hommages à Madame TOYADA qui, auprès de vous, donne une si jolie image de votre pays.
Shoichiro TOYODA, au nom de la République française, nous vous faisons Commandeur dans l’Ordre national de la Légion d’honneur. |