ALLOCUTION

PRONONCEE PAR MONSIEUR JACQUES CHIRAC

PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE

A L'OCCASION DE LA POSE DE LA PREMIERE PIERRE

DU NOUVEAU LYCEE FRANCAIS

(en République tchèque)

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Smichov - Jeudi 3 avril 1997

Messieurs les Ministres,

Messieurs les Ambassadeurs,

Messieurs les Délégués,

Monsieur le Président de l'Association des parents d'élèves,

Chers Amis,

Vous me permettrez d'abord de saluer tous les enfants, de leur dire tous mes voeux de réussite et de bonheur, toute mon affection aussi. Et puis, je voudrais dire mon affection particulièrement à Maud, elle a été tout à fait formidable, je voudrais la féliciter et elle, je suis sûr qu'elle ira loin, et j'en fais le voeu.

Je suis heureux que nous soyons réunis, avec tant de jeunes, pour poser la première pierre du nouveau lycée français, un lycée qui avait été souhaité par les parents et aussi par les enfants, comme Maud l'a rappelé tout à l'heure. Ces enfants qui m'avaient envoyé une lettre que j'avais lue et qui a été un élément qui m'a permis d'insister auprès des autorités compétentes, à la fois tchèques - et je salue et je remercie beaucoup le ministre de l'Education nationale et le maire de Prague - et puis françaises bien entendu, pour que les choses puissent se faire le mieux possible.

Pourquoi un nouveau lycée français à Prague, succédant à ce qui a d'abord été la "petite école" et qui était, depuis, "l'école française" ? Tout simplement parce qu'en 1991, il y avait ici 170 élèves et qu'il y en a aujourd'hui plus de 360, mais surtout que les effectifs, et c'est bien heureux, ne cessent d'augmenter.

On ne peut que s'en féliciter. C'est le signe que la communauté française à Prague se développe et que davantage de jeunes Tchèques et ou d'autres nationalités, comme M. de Villèle me le disait en évoquant les dix-neuf nationalités présentes dans l'école française, s'intéressent à la fois à notre enseignement, à notre pays. Cela ne va pas sans un nécessaire effort d'adaptation. Je voudrais saluer l'action des associations qui sont nombreuses, vous me permettrez d'évoquer le Pont-Neuf, en présence de ma femme, et qui favorisent les échanges entre lycéens, étudiants, chercheurs et médecins.

Lorsque s'est posée, en 1992, la question de la rénovation des locaux de l'Institut français de la rue Stépanska, une solution intermédiaire a dû être trouvée avec votre installation dans les derniers locaux encore disponibles de l'école russe.

Le provisoire, notamment en France, a pour caractéristique qu'il dure en général longtemps, les choses auraient pu en rester là, sans le dynamisme de votre Association de parents d'élèves, résolument soutenue, je dois le dire c'est vrai, par l'Ambassadeur et ses collaborateurs.

Pour donner à votre école l'espace qui lui manquait, pour l'installer dans l'avenir et lui permettre de développer un ambitieux projet d'établissement, un nouveau site a été recherché. L'occasion s'est présentée, vous avez su la saisir.

Votre nouveau lycée, implanté sur ce vaste terrain d'un hectare, déjà occupé par des bâtiments bientôt réhabilités et auxquels s'ajouteront de nouvelles constructions, accueillera, d'ici deux ans, la totalité de ses effectifs.

Le projet a bénéficié pour moitié de l'aide de l'Etat et de celle de l'Agence pour l'enseignement du français à l'étranger. L'autre moitié est financée par un emprunt à long terme des parents eux-mêmes qui ont consenti, je voudrais le souligner, un effort tout à fait exceptionnel et aux parents qui sont ici présents ou à ceux qui ne le sont pas, je voudrais dire toute ma reconnaissance pour l'effort qu'ils ont fait dans cette affaire.

Cela représente pour les familles, notamment les plus modestes un engagement important. Cet effort, les bourses allouées ne pourront hélas pas le compenser complètement, leur montant n'étant guère extensible. Mais les frais de scolarité du lycée français de Prague doivent rester, je crois qu'on peut le dire Monsieur le Président, du même ordre que ceux des autres établissements français et des autres écoles internationales dans cette région.

A cet investissement des parents et de l'Etat, doit correspondre celui de toute la communauté française de Prague. Déjà, de grands établissements bancaires et la Caisse des dépôts vous ont apporté leur concours. Je souhaite que toutes les entreprises françaises, et un certain nombre sont ici représentées, fassent de même et s'engagent également. C'est la solidarité qui le veut.

A terme, le nouveau lycée français de Prague pourra s'ouvrir plus largement encore à nos amis francophones et aux jeunes Tchèques, qui étaient si nombreux il y a cinquante ans à parler le français, et dont beaucoup souhaitent pouvoir à nouveau apprendre notre langue.

Ce lycée marquera aussi la volonté de la France d'être davantage présente ici, en République tchèque, pour bâtir une relation forte, et au niveau de ce qu'elle été au début de ce siècle entre nos deux pays.

Mesdames et Messieurs les parents d'élèves, je voudrais vous dire combien j'apprécie, mais surtout combien je suis fier en tant que Français de votre engagement, engagement déterminant dans la réalisation de ce grand et beau projet. Je voudrais saluer M. et Mme Lelong, M. de Villèle et tous ceux qui, au sein de votre Association, n'ont ménagé ni leur temps, ni leurs efforts, ni leur courage, car il en fallait aussi pour convaincre et pour réaliser.

Je voudrais enfin saluer les élèves, ceux du lycée français et ceux du lycée bilingue Jan NERUDA. Vous avez de la chance d'habiter une ville comme Prague, d'étudier dans un établissement où vous pouvez vous enrichir d'autres traditions, d'autres manières de voir que celles qui existent à la maison, d'autres valeurs. Vous vivez au coeur du continent européen, de cette Europe de demain que vous ferez. Vous y êtes les témoins des formidables transformations qui s'y opèrent. Vous serez demain les acteurs de cette Europe, plus large et plus fraternelle, et celle j'en suis sûr qu'appelle votre coeur.

Alors à tous les jeunes, je dis bon vent, bonne réussite pour l'avenir !