Sommet du G8 - Extraits de la conférence de presse de M.Jacques CHIRAC, Président de la République, à l'issue du Sommet.

10 juin 2004

QUESTION - Monsieur le Président, après votre vote aux Nations Unies cette semaine, après ce Sommet, que pensez-vous en général de la situation en Iraq ? Est-ce que vous avez accepté le fait accompli ? Est-ce que vous vous opposez, est-ce que vous avez des réserves à propos de l'OTAN parce que vous vous opposez toujours à la position américaine en Iraq ?

LE PRESIDENT - Je ne m'oppose pas du tout à la position américaine en Iraq. Nous avons eu, la France et les Etats-Unis, une divergence de vues complète sur la guerre en Iraq. C'est comme cela. Et j'ai regretté cette guerre. Je considère qu'elle n'était ni nécessaire, ni d'ailleurs utile, qu'elle était forcément coûteuse dans tous les sens du terme et que l'on aurait pu trouver d'autres solutions pour orienter l'Iraq vers un système plus démocratique ou plus équilibré. Je n'ai pas changé d'avis. Mais c'est un problème historique. Je ne vais pas revenir là-dessus indéfiniment.

Aujourd'hui, ma conviction, je l'ai dit bien clairement, et notamment au Président BUSH, c'est que la situation est tout de même très dégradée, elle est très inquiétante, préoccupante. Et la seule chance que l'on puisse avoir de s'orienter vers une certaine stabilité, un développement, la sécurité en Iraq, la seule chance, c'est que les Iraquiens aient réellement conscience, soient convaincus qu'on leur rend la totalité de leur souveraineté, de leur indépendance et de la maîtrise de leur destin. C'est la voie, à mon avis, d'ailleurs étroite, qui permettra peut-être de sortir des drames que nous connaissons actuellement.

Alors cela veut dire qu'il faut réellement transférer cette souveraineté, donc ne pas tricher si j'ose dire. C'est ce à quoi nous avons été très attentifs. C'est la raison pour laquelle nous avons été si exigeants dans l'élaboration de la résolution de l'ONU. Je dois dire d'ailleurs que nous n'étions pas seuls, puisque nous avions avec nous, une coopération vingt-quatre heures sur vingt-quatre, -le mot n'est pas excessif-, de nos amis allemands, russes, espagnols, algériens et quelques autres.

Finalement, c'est ce qui a été retenu comme principe. Et si les Iraquiens ont vraiment conscience qu'ils sont de nouveau maîtres de leur destin, il y a peut-être une chance. Si on ne joue pas le jeu, cette chance disparaîtra.