CONFERENCE DE PRESSE

DE MONSIEUR JACQUES CHIRAC

PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE

A L’ISSUE DE SON ENTRETIEN

AVEC MONSIEUR ARMANDO CALDERON SOL,

PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE D’EL SALVADOR

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SAN SALVADOR - LUNDI 16 NOVEMBRE 1998

Monsieur le Président, mon cher Ami,

D’abord merci pour votre accueil. Votre pays comme vos trois voisins est confronté à une situation extrêmement difficile à la suite des ravages du cyclone Mitch. Dès le 9 novembre, les quatre Présidents se sont réunis ici, à San Salvador, pour examiner les problèmes, mettre au point une stratégie et en appeler, légitimement, à la solidarité internationale.

Monsieur le Président, permettez-moi d’abord d’adresser à tous les citoyens, à tout le peuple du Salvador mes sentiments d’amitié et de solidarité dans l’épreuve.

Nous avons évoqué un certain nombre de problèmes que je résume rapidement.

L’aide humanitaire et je tiens à saluer tous les bénévoles de tous les pays qui ont participé à l’aide humanitaire, ici, au Salvador.

Nous avons évoqué les problèmes de la dette. Nous sommes très ouverts à suivre ce que souhaitera le Salvador dans ce domaine. J’ai indiqué au Président qu’à l’occasion du Conseil des ministres de la Coopération et du développement de l’Union européenne, le 30 novembre, le ministre français qui est ici, Monsieur Josselin, ferait des propositions pour dégager les moyens financiers nécessaires de la part de l’Union européenne pour accompagner la reconstruction et le développement des économies des quatre pays.

J’ai également pris note de la demande des quatre pays qui se sont réunis le 9 novembre d’avoir une aide beaucoup plus organisée, coordonnée, efficace, généreuse. Pour cela , j’ai avancé l’idée d’une conférence internationale sous la présidence de la Banque mondiale avec, d’une part les grandes organisations financières internationales, le FMI, la BID etc., et d’autre part les pays donateurs. Le Président m’a donné son accord et son avis tout à fait favorable pour cette conférence. J’ai rencontré tout à l’heure la première dame des Etats-Unis, qui va arriver dans quelques minutes ici, mais que j’ai rencontrée à Managua, et qui, entourée par un certain nombre de collaborateurs du Président Clinton, a indiqué son avis favorable pour une conférence de cette nature. Je souhaite donc qu’elle puisse être tenue soit juste avant la fin de l’année, soit dans la première quinzaine du mois de janvier.

Mais le Président m’a indiqué qu’au-delà des problèmes de reconstruction, il y avait les problèmes du développement et que, dans cet esprit, il souhaitait une ouverture commerciale, beaucoup plus grande entre l’Amérique centrale et l’Union européenne. Je lui ai indiqué que la France partageait son sentiment et s’efforcera d’obtenir un désarmement réciproque et progressif, permettant d’arriver dans des délais convenables à une zone de libre-échange entre l’Union européenne et l’Amérique centrale.

Enfin le Président a indiqué l’importance qu’il attachait aux investissements dans son pays. Je lui ai dit que l’intérêt des entrepreneurs français pour l’Amérique centrale, et notamment le Salvador, était grand aujourd’hui. Il y a quelques semaines, une importante délégation du patronat français était venue ici, mais c’était avant l’ouragan. Le Président du patronat français a indiqué officiellement, il y a deux ou trois jours, qu’il avait l’intention, dès que la situation le permettrait, c’est-à-dire dans les deux ou trois mois qui viennent, d’envoyer une nouvelle mission importante d’industriels français en Amérique centrale, et notamment au Salvador, de façon à encourager les investissements européens et français dans ces pays.

Je voudrais simplement, pour terminer, dire mes sentiments très forts d’estime et d’amitié pour le peuple du Salvador.

question

- Monsieur le Président, je voudrais vous demander quelle va être la collaboration de la France très concrètement à court terme ? C’est la première question.

Deuxième question : est-ce que vous pensez que l’Union européenne pourrait suivre la voie tracée par la France, c’est-à-dire annuler la dette contractée par l’Amérique centrale et par nous-mêmes notamment ? Et quand pensez-vous que pourraient arriver au Salvador les premiers investissements nouveaux de la part de la France ?

le president

- La collaboration de la France à court terme, je l’ai développée tout à l’heure tant en ce qui concerne la dette, le libre-échange, ou la négociation avec l’Union européenne, et enfin, en ce qui concerne l’organisation d’une conférence internationale.

A ma connaissance, il n’y a pas de dette à l’égard de l’Union européenne. Quant aux investissements, ils viennent, en règle générale, des entreprises privées et je répète que les pouvoirs publics en France, et notamment le Gouvernement, s’efforcent de créer les conditions favorables pour permettre aux investisseurs français d’investir au Salvador. Mais ce n’est pas le Gouvernement qui investit, ce sont les entreprises privées. Et je vous ai dit que nous les avions fortement encouragées à venir ici, et à revenir.

question

- Que retirez-vous de votre entretien avec Madame Clinton ?

LE PRESIDENT

- Je vais vous dire d’abord que je n’ai pas pour habitude de faire de commentaire sur des conversations que j’ai. Je vais néanmoins faire une petite exception. D’abord j’ai enregistré avec bonheur qu’elle émettait un avis très favorable sur l’idée de tenir une conférence pour organiser l’intervention de la solidarité internationale en faveur de la reconstruction et du développement de ces pays. Et deuxièmement je lui ai indiqué que les photos que j’avais vues récemment dans un grand hebdomadaire français, où elle tenait dans ses bras son petit-neveu, je les avais trouvées particulièrement jolies et émouvantes. J’ai eu le sentiment que cela lui faisait plaisir.