Extraits du point de presse conjoint de M.Jacques CHIRAC, Président de la République et de M.George BUSH, Président des Etats Unis d'Amérique

Palais de l'Elysée (Paris) - 5 juin 2004

S'agissant de l'Iraq où chacun sait que nos deux pays ont eu une approche différente et des solutions et une vision des choses qui n'étaient pas la même, nous partageons aujourd'hui une même conviction, c'est que les choses étant ce qu'elles sont, il n'y a pas d'alternative à la restauration de la paix et donc de la sécurité et du développement en Iraq et que tout doit être fait pour atteindre cet objectif. D'où les discussions qui ont été engagées au niveau du Conseil de sécurité de l'ONU pour aboutir à une résolution qui, dans la situation actuelle de l'Iraq, doit marquer une volonté déterminée de l'ensemble de la Communauté internationale pour atteindre un objectif. Et cet objectif, c'est le retour à la pleine souveraineté d'un gouvernement iraqien qui puisse redonner l'espoir à la population de l'Iraq.

Nous sommes tout à fait sur la même ligne dans ce domaine et je crois que les choses évoluent bien, les discussions se déroulent dans le meilleur esprit. J'espère que nous arriverons dans les prochains jours à une résolution qui réponde bien à ce qui, à nos yeux, est l'essentiel, c'est-à-dire donner aux Iraqiens le sentiment qu'ils ont retrouvé leur souveraineté et la maîtrise de leur destin. Car il nous semble que c'est une condition préalable à toute solution, à terme, des problèmes auxquels ce pays est confronté.

QUESTION ...si je comprends bien, il y a eu un échange de lettres entre le nouveau gouvernement intérimaire en Iraq et la coalition. Monsieur le Président CHIRAC, vous avez dit que maintenant, vous croyiez que le nouveau gouvernement iraqien allait recevoir la pleine souveraineté. Est-ce que vous avez des objections quelconques concernant la nouvelle résolution de l'ONU ?

LE PRESIDENT Sur la résolution, je le répète, je pense que nous avons progressé de façon très positive et que nous devrions pouvoir finaliser ce texte dans un court délai. Alors il reste à clarifier effectivement la question des arrangements de sécurité établissant les relations entre le gouvernement iraqien, un gouvernement que nous souhaitons souverain et ayant les pleins pouvoirs et la force multinationale. Comme vous l'avez évoqué, un échange de lettres entre la force et le gouvernement iraqien, dont les principaux éléments doivent être repris dans la résolution, est en voie d'achèvement et j'espère que tout cela pourra être finalisé, je le répète, très rapidement.

L'important à mes yeux, ce n'est pas tellement les modalités techniques. L'important c'est de faire en sorte que le peuple iraqien ait vraiment le sentiment d'avoir recouvré son indépendance et la maîtrise de son destin. Je crois que c'est la seule voie ouverte à la solution des problèmes considérables qui se posent par ailleurs dans ce pays et pour maîtriser les forces centrifuges si importantes et grandes qui existent en Iraq. C'est pourquoi nous sommes très attentifs à faire en sorte qu'aucun signal négatif ne puisse être donné aux Iraqiens sur une contestation de leur souveraineté qui pourrait alors les conduire à ne pas avoir confiance.

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QUESTION - Monsieur le Président CHIRAC, étant donné que votre gouvernement croyait aussi qu'il y avait des armes de destruction massive en Iraq avant la guerre, vous croyez que c'est un échec des renseignements du monde entier ? Et, malgré votre opposition à la guerre, vous croyez que l'Iraq est dans une meilleure situation aujourd'hui, après la guerre, par rapport à avant la guerre ? Monsieur le Président BUSH, quel est le rôle que vous aimeriez que les Français jouent en Iraq ?

LE PRESIDENT Vous avez dit que le gouvernement français, si j'ai bien compris, avant la guerre, avait déclaré qu'il y avait des armes de destruction massive en Iraq ; ce n'est pas exact. J'ai toujours dit que je n'avais aucune information me permettant de penser qu'il y en avait ou qu'il n'y en avait pas. Et c'était la réalité. Toutes les informations dont nous disposions, dans ce domaine, ne me permettaient pas de conclure sur ce point. C'est la raison pour laquelle, j'ai toujours dit, notamment au Président BUSH, que j'étais incapable de me prononcer sur l'existence ou la non-existence d'armes de destruction massive en Iraq.

QUESTION - Malgré votre opposition à la guerre, croyez-vous que l'Iraq est dans une meilleure situation aujourd'hui par rapport à la situation qui existait avant la guerre ?

LE PRESIDENT Il y a au moins un point d'acquis, c'est que le régime tyrannique de Saddam HUSSEIN n'est plus là. Ça c'est le point positif. Le point négatif, c'est que le désordre règne. Donc, le problème aujourd'hui, c'est d'essayer d'engranger le côté positif, c'est-à-dire ouvrir la voie à ce qui pourrait être une forme de démocratie et faire en sorte que les forces qui s'affrontent, s'apaisent. Voilà. Mais on verra cela dans quelque temps. On n'est pas sorti des difficultés, ne le croyez pas. On est dans une situation qui est très précaire.

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