Point de presse du Président de la République à l'issue de sa visite à Amman (Jordanie)

20 octobre 2002

QUESTION - Monsieur le Président, sur le dossier iraquien, est-ce qu'il vous semble que la position de la France est confortée après les entretiens que vous avez eus sur ce sujet avec le Président syrien et Sa Majesté le Roi de Jordanie ?

LE PRESIDENT - La position de la France est fondée d'abord sur la nécessité d'obtenir l'éradication des armes de destruction massive qui existent ou peuvent exister en Iraq. Cela est évidemment essentiel et, je crois que l'ensemble de la communauté internationale est sur cette même ligne. Ensuite, la France estime que tout doit être fait pour atteindre cet objectif par le biais d'une procédure qui a été agréée par la communauté internationale, qui est celle des inspecteurs, et que, par conséquent, avant de se lancer dans des spéculations, il faut d'abord que les inspecteurs puissent faire leur travail et rendre compte à la communauté internationale, c'est-à-dire au Conseil de Sécurité qui incarne le droit international, de leur mission. Ont-ils toutes facilités, ont-ils des difficultés, ont-ils des impossibilités ? Alors, naturellement, l'approche du problème est tout à fait différente selon la réponse apportée à ces questions.

Voilà, c'est, si j'ose dire, une position de bon sens et nous souhaitons et nous constatons, en réalité, qu'elle est partagée par une très, très grande majorité, une considérable majorité des pays dans le monde.

QUESTION - Monsieur le Président, est-ce qu'au terme de cette intense semaine d'activités diplomatiques partout dans le monde, vous avez l'impression que la menace d'une crise, d'une guerre contre l'Iraq va en s'éloignant ?

LE PRESIDENT - C'est tout à fait prématuré de faire un tel pronostic. En tous les cas, ce que je peux vous dire, c'est qu'à défaut d'un pronostic, j'ai une conviction, c'est qu'il serait souhaitable que cela s'éloigne.

(...)

QUESTION - Monsieur le Président, est-ce que vous estimez que les dirigeants arabes ont fait assez côté iraquien, c'est-à-dire est-ce que vous avez demandé au Roi de Jordanie en particulier de déployer un peu plus d'efforts pour essayer de convaincre l'Iraq de se plier à la volonté internationale et d'éviter une frappe militaire ?

LE PRESIDENT - D'abord, je n'ai pas à faire d'ingérence dans les affaires intérieures ou les décisions des Chefs d'Etat arabes. Deuxièmement, je crois qu'ils ont tous marqué, de façon claire, leur désapprobation de tout réarmement, si tel était le cas, en matière d'armes de destruction massive de l'Iraq. Je crois que c'est un point sur lequel il y a à peu près un consensus.

QUESTION - Monsieur le Président, quelles seraient à votre avis les répercussions sur la région tout entière au cas où l'Amérique, les Etats-Unis, frappent l'Iraq ? Surtout en Syrie, vous venez de visiter la Syrie ?

LE PRESIDENT - Je ne ferai pas de plan sur les conséquences, car tout mon espoir et toute ma raison me conduisent à tout faire pour éviter qu'il y ait une circonstance de cette nature. Donc, ma préoccupation, ce sont les pressions suffisantes sur les autorités iraquiennes pour que le désarmement soit réel, contrôlé et indiscutable. Et à partir de là, les perspectives guerrières s'effaceront naturellement.