Extraits du point de presse conjoint du Président de la République et de M. Hosni MOUBARAK, Président de la République arabe d'Egypte

Alexandrie - 16 octobre 2002

QUESTION - M. le Président, jusqu'à quel point la France est-elle déterminée à s'opposer à la politique américaine sur l'Iraq concernant le processus de deux résolutions ? Est-ce que, si l'Amérique maintient son texte sur l'Iraq, vous allez vous abstenir ? Et, M. le Président MOUBARAK, qu'attendez-vous de la visite de M. SHARON aux Etats-Unis ?

LE PRESIDENT - Je vais vous dire en deux mots la position de la France dans la négociation actuelle au Conseil de Sécurité de l'ONU à New York. L'objectif de la France, c'est de faire en sorte que l'on puisse être certain que l'Iraq ne dispose plus d'armes de destruction massive et que, s'il en dispose, on puisse procéder à leur destruction. Cela, c'est capital, nous semble-t-il, pour la paix dans la région.

Des résolutions de l'ONU avaient fixé les modalités des inspections et, donc, il ne semblait pas indispensable de faire une nouvelle résolution. C'était l'avis de l'Egypte, c'était aussi l'avis de la France. Mais, depuis que l'Iraq a accepté les inspections, M. BLIX, le responsable des inspecteurs de l'ONU et celui, également, des inspecteurs de l'Agence Internationale pour l'Energie Atomique ont considéré qu'il fallait améliorer les conditions de travail des inspecteurs. Nous sommes tout à fait ouverts à ce qu'une résolution puisse reprendre les demandes, non pas des uns ou des autres, mais les demandes des responsables des inspecteurs, essentiellement de M. BLIX, en qui nous avons confiance. Et donc, actuellement, on est en train de mettre au point une nouvelle résolution pour moderniser, adapter, les conditions de travail des inspecteurs.

C'est là qu'apparaît le deuxième problème. Nos amis américains voudraient que cette même résolution donne l'autorisation à la communauté internationale, si l'on estime que les autorités irakiennes ne font pas ce qu'il faut, d'intervenir militairement.

Moi, j'ai toujours pensé que la guerre était la plus mauvaise des solutions qu'un homme puisse envisager et que, donc, tout doit être fait pour l'éviter. Je pense donc que, si les inspecteurs viennent nous dire qu'ils ne peuvent pas assumer leurs responsabilités, qu'ils ne peuvent pas exercer leur mission dans des conditions convenables parce que les autorités irakiennes feraient de l'obstruction, alors, il appartient au Conseil de Sécurité de se réunir à nouveau pour voir quelle est la nature et l'ampleur du problème et, à partir de là, quelle est la décision qui doit être prise par la communauté internationale, décision qui, dans mon esprit, n'exclut aucune option, mais que le Conseil doit être libre de délibérer.

Cette région n'a pas besoin d'une guerre supplémentaire si on peut l'éviter. Et donc, tout doit être fait pour l'éviter.

Voilà ce qui justifie la position de la France. Et nous ferons tout pour que la résolution soit conforme à ce que nous estimons être l'intérêt de la région et également l'intérêt de la morale. Une certaine idée que nous nous faisons de l'ordre international et du fait que, dans cet ordre international, chacun, chaque pays doit avoir une place où il est respecté. Si nous n'y arrivons pas, la France, en tant que membre du Conseil de Sécurité et membre permanent, prendra ses responsabilités.