LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE
Paris, le 2 novembre 2004
Altesse,
Je tenais à Vous faire part de la peine profonde et de l'émotion que m'inspirent le décès de Son Altesse Cheikh Zayed Bin Sultan Al Nahyan, Emir d'Abou Dabi et Président de la Fédération des Emirats Arabes Unis. En ce moment de deuil, je Vous transmets, en mon nom personnel et en celui du peuple français, mes condoléances les plus attristées.
L'oeuvre accomplie par Cheikh Zayed est immense : bâtisseur de la Fédération, maître d'oeuvre du développement politique, économique et social de Votre pays, il a inlassablement travaillé à sa cohésion et à sa prospérité depuis son indépendance, le 2 décembre 1971.
Soucieux d'affirmer l'identité régionale de la Fédération, dont il était le principal fondateur, Cheikh Zayed a oeuvré, avec une constance exemplaire et malgré les difficultés, au rapprochement entre les pays du Golfe et à l'unité de la grande famille des Etats arabes. Homme de paix et de vision, il n'a cessé de promouvoir les vertus du compromis, de la raison et du dialogue dans une région agitée par les crises et les conflits. Son nom restera étroitement attaché à la cause de la paix et du développement du Moyen-Orient, à laquelle il avait voué sa vie.
Cheikh Zayed a toujours attaché une importance particulière à la relation avec la France. Il retrouvait dans notre politique étrangère les valeurs d'indépendance, de paix, de souveraineté et de respect du droit qui étaient aussi les siennes. J'avais eu maintes fois l'occasion d'en parler avec lui. Lors de ma visite officielle aux Emirats en décembre 1997, j'avais eu la joie d'approfondir avec lui le dialogue politique entre nos deux pays, amis de toujours, et liés depuis 1995 par un accord de défense sans équivalent dans la région. Nous avions, Cheikh Zayed et moi, décidé alors de lancer entre nos deux pays un véritable partenariat permettant de jeter les bases d'une relation stratégique à long terme et dont les effets se font sentir depuis.
C'est avec beaucoup de plaisir et d'émotion que je l'avais revu en novembre 2001, lors de mon dernier passage à Abou Dabi, puis en juillet 2002 dans sa résidence d'Annemasse.
A l'heure où Vous prenez en mains les destinées de Votre pays, je souhaiterais Vous exprimer toute mon amitié et Vous adresser tous mes voeux de succès. Vous avez, depuis trente ans, sous l'inspiration de Cheikh Zayed et à ses côtés, conduit les affaires de Votre pays dans différents domaines stratégiques avec autorité, sagesse et efficacité. Au moment où Vous accédez à la charge suprême, je voudrais Vous assurer de l'amitié et du soutien de la France, et de ma détermination à poursuivre, avec Votre concours, le développement entre nos deux pays de relations fondées sur la confiance et la compréhension mutuelles.
En Vous réitérant l'expression de ma profonde émotion personnelle à la suite de la disparition de Son Altesse Cheikh Zayed, je Vous prie de croire, Altesse, à l'assurance de ma très haute considération. et de ma bien cordiale amitié dans la douleur et la tristesse,
Jacques CHIRAC
Son Altesse
Cheikh Khalifa Bin Zayed Al Nahyan
Emir d'Abou Dabi
(mentions manuscrites)