ALLOCUTION PRONONCEE PAR MONSIEUR JACQUES CHIRAC PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE
DEVANT LA COMMUNAUTE FRANÇAISE ETABLIE AU MAROC
***
RABAT - MAROC
SAMEDI 11 OCTOBRE 2003
Monsieur l'Ambassadeur, Madame, Madame et Messieurs les Ministres, Mesdames et Messieurs les Parlementaires, Messieurs les délégués au Conseil Supérieur des Français de l'Etranger, Mesdames et Messieurs, Mes chers compatriotes,
C'est toujours une grande joie pour mon épouse et pour moi, de même que pour les Ministres et les Parlementaires qui m'accompagnent, que de venir à la rencontre de celles et de ceux qui, chacun à sa manière, représentent notre pays à l'étranger et y font rayonner les talents et les savoir-faire français. Ma joie est d'autant plus grande que nous sommes au Maroc, l'un des pays les plus proches de la France, auquel nous unissent les liens très forts de l'Histoire et du coeur.
Devant vous, je veux d'abord remercier une fois encore Sa Majesté, le Roi Mohammed VI, et tout le peuple marocain, qui nous ont accueillis avec beaucoup de chaleur et aussi avec beaucoup d'éclat.
Je veux également, en notre nom à tous, exprimer ma gratitude à nos hôtes, l'Ambassadeur et Madame GRASSET, qui ont organisé pour nous cette belle réception.
Parmi les personnalités qui m'entourent, vous me permettrez de saluer tout particulièrement la Sénatrice Paulette BRISEPIERRE, qui défend avec coeur et volonté les intérêts des Français du Maroc et la cause de l'amitié franco-marocaine. J'y joins mes sentiments d'amitié pour Monsieur Jean ROATTA. Je salue aussi, naturellement, vos délégués au C.S.F.E, qui vous représentent et vous servent, je peux en témoigner, avec le plus grand dévouement.
Vous formez ici une communauté particulièrement dynamique et bien intégrée, dans un pays où beaucoup de nos compatriotes sont restés après l'indépendance, et qui s'est affirmé, depuis toutes ces années, comme l'un de nos partenaires essentiels dans tous les domaines.
Depuis la visite d'Etat de Sa Majesté Mohammed VI en France, il y a trois ans, la relation entre le Maroc et la France a franchi de nouvelles étapes. Le Maroc est engagé dans une transformation, on peut le dire, sans précédent, sur laquelle le Roi et Son Gouvernement fondent, à juste titre, d'immenses espérances. Cette transformation, la France la soutient et veut l'accompagner, parce qu'elle est convaincue que la vision qui guide le Roi est une vision d'avenir, et que les succès du Maroc aideront beaucoup de pays à trouver leur voie, entre tradition et modernité, entre ouverture et préservation de leur identité. C'est ce message de confiance et de soutien fraternel que je suis avant tout venu porter au nom de la France.
Sa Majesté Mohammed VI et moi-même avons eu des entretiens, vous l'imaginez, très amicaux et confiants. Nous avons évoqué les réformes entreprises par le Maroc, de même que les perspectives des relations entre le Maroc et l'Union européenne, relations qui doivent s'approfondir et se densifier avec la négociation de ce que le Roi appelle le "statut avancé", de ce que nous appelons le « statut avancé » et que nous défendons pour le Maroc, devant nos partenaires de l'Union.
Nous avons également procédé à un très large échange de vues sur la situation internationale. Nos deux pays sont engagés avec détermination dans la construction d'un espace euro-méditerranéen de sécurité et de prospérité. Ils militent l'un et l'autre pour l'approfondissement et l'épanouissement de cette coopération, pour que cette mer Méditerranée qui pourrait nous séparer devienne une zone d'échanges et de paix, un carrefour de civilisations, de cultures et de peuples.
Nous avons souligné la convergence des positions du Maroc et de la France s'agissant de la situation au Proche-Orient ou de l'Irak. Sur ces sujets, la voix du Maroc, comme celle de la France, est celle de la mesure, de l'équilibre et du dialogue.
La question de la lutte contre le terrorisme a été également abordée dans nos discussions. J'ai redit au Souverain combien la participation exemplaire du Maroc au combat commun contre ce fléau était précieuse. Je lui ai redit aussi combien les récents attentats de Casablanca nous avaient choqués et meurtris.
Ces terribles événements ont endeuillé votre communauté. J'ai partagé votre douleur et je pense naturellement aujourd'hui aux victimes et à leurs familles. Mes pensées vont aussi vers la communauté juive du Maroc, durement frappée, elle aussi.
La sécurité est une préoccupation pour la plupart de nos communautés expatriées. Elle l'est encore davantage quand rôde la menace diffuse et imprévisible du terrorisme. C'est pourquoi nous avons pris, en liaison avec les autorités marocaines, des mesures pour renforcer la sécurité de la communauté française.
Il nous faut aussi répondre à vos autres préoccupations, qu'elles touchent à votre vie quotidienne, à la scolarisation de vos enfants, à la protection sociale ou à votre avenir, au Maroc ou lors de votre retour en France.
Notre attitude à cet égard s'inspire de la volonté de rapprocher toujours davantage la situation de nos compatriotes expatriés de celle des Français vivant en France. Les représentants des Français de l'Etranger, au Sénat et au CSFE, savent que nous sommes en permanence à leur écoute.
Je voudrais remercier particulièrement vos délégués au CSFE et tous les membres des Comités consulaires pour l'action sociale. Ils apportent assistance et solidarité à nos compatriotes en situation difficile. Ils peuvent être assurés du plein soutien de l'Etat et je tiens à rappeler que votre communauté est la première attributaire des dotations budgétaires d'action sociale affectées à notre réseau consulaire dans le monde. Mais les associations jouent aussi un rôle essentiel, en apportant à nos consulats leur dévouement et leur connaissance du terrain, et je suis heureux de leur rendre un hommage chaleureux et mérité.
Parmi vos toutes premières préoccupations, il y a également l'école. Au moment où le lycée Descartes de Rabat fête son quarantième anniversaire, aujourd'hui-même je crois, je veux saluer le travail exceptionnel accompli par l'ensemble des personnels de nos établissements au Maroc. Depuis des décennies, ceux-ci ont forgé de nombreuses générations attachées aux valeurs d'ouverture et de progrès, qui s'épanouissent et qui évoluent avec aisance dans deux cultures et deux mondes.
Vous savez les efforts importants que consent la France en faveur de son enseignement au Maroc. Il est aussi un trait d'union essentiel entre nos deux pays. En rassemblant jeunes Français et jeunes Marocains, en leur donnant accès à la langue et à la culture de l'autre, il resserre les liens de respect et d'affection qui restent le secret de notre relation. Les autorités marocaines l'ont d'ailleurs bien perçu, qui sont attachées à sa qualité, à son dévouement et à son ouverture vers la jeunesse de ce pays. Je les en ai, personnellement naturellement, remerciées.
Je souhaitais, pour terminer, saluer la contribution de chacun d'entre vous au développement du Maroc. Grâce à vous, à votre énergie, à votre investissement personnel, la France a acquis dans ce pays une position de premier plan. Cette position privilégiée, nous devons la préserver et la développer face à une concurrence toujours plus rude. C'est pourquoi j'ai tenu à ce que m'accompagnent, dans ce voyage, des chefs d'entreprise, acteurs majeurs de la vie économique et des privatisations marocaines. Je les remercie et leur fais confiance dans leur jugement et leurs initiatives. J'ai également visité hier le site du futur port de Tanger-Méditerranée, qui illustre notre engagement en faveur des projets d'envergure qui ont été voulus par le Roi.
Notre message est clair : nous avons confiance dans le Maroc. Plus de 50% du total des investissements étrangers réalisés dans ce pays le sont par des entreprises françaises, regroupées pour la plupart au sein de la Chambre française de commerce et d'industrie du Maroc, la première en importance dans le monde et je la salue amicalement.
Bien entendu, je connais aussi les difficultés éprouvées par certains de nos opérateurs économiques. En liaison avec nos partenaires de l'Union européenne, nous continuerons à rechercher plus de transparence et de sécurité, et un meilleur fonctionnement de la justice commerciale.
D'une manière générale, les Français établis ici bénéficient d'une considération à la hauteur du rôle qu'ils jouent et de leur contribution éminente au service tant de la France que du Maroc. J'en ai remercié Sa Majesté et l'ai assurée, dans un esprit de réciprocité, de notre souci d'apporter la même attention et la même considération à la communauté marocaine installée chez nous.
Le message que je souhaitais vous porter est donc d'abord un message de confiance, mais aussi un message de gratitude. Dans ce pays, qui occupe dans notre coeur et dans notre action une place privilégiée, chacune et chacun d'entre vous, dans le secteur qui est le sien, sert l'image de la France avec talent et avec passion. Je souhaitais vous en remercier.
Vive le Maroc ! Vive la France ! |