MONTPELLIER (HERAULT) - JEUDI 4 OCTOBRE 2001.

Mesdames, Messieurs,

Je vous remercie d'avoir bien voulu participer à cette réunion pour faire le point de la préparation de notre pays au passage à l'euro. Nous sommes à moins de trois mois de l'échéance.

Les événements tragiques qui se sont déroulés aux États-Unis le 11 septembre dernier ont provoqué un traumatisme qui a concentré toute notre attention et rendu moins présentes nos autres préoccupations.

Pourtant, notre pays va connaître dans quelques semaines un changement considérable avec l'arrivée de l'euro.

Les appréhensions sont légitimes. Nous allons certainement avoir quelques problèmes d'adaptation. Nous devons faire en sorte qu'ils soient les plus brefs et les moins difficiles possible.

Et puis, il est vrai que le retrait du franc suscite chez certains de nos compatriotes une émotion ou de la nostalgie. Je comprends ces sentiments. Le franc est un symbole qui accompagnait la vie de notre pays depuis 200 ans.

Mais l'euro c'est d'abord le signe tangible d'une Europe qui se renforce et nous avons besoin d'une Europe forte et solide.

L'euro est un instrument de stabilité et de croissance.

Stabilité, parce que désormais la spéculation entre nos monnaies européennes n'est plus possible. C'est un progrès considérable. Stabilité, parce que l'Europe, unie par une grande monnaie, est un espace économique plus compact et plus solidaire.

Mais facteur de croissance également. Une croissance dont nous avons plus que jamais besoin en Europe. Et la croissance, c'est d'abord la confiance dans l'avenir.

Avec l'euro, nous disposons d'un instrument monétaire qui nous donne la possibilité d'avoir des taux d'intérêt bas et qui permet de résister aux turbulences financières mondiales qui peuvent ruiner en quelques semaines les efforts économiques entrepris depuis plusieurs années. Récemment encore, l'euro a démontré sa solidité à la suite du drame américain qui a secoué le monde entier. Il y a 5 ou 10 ans, il y a fort à parier que les monnaies européennes auraient été durement attaquées.

Certes, il ne faut pas demander à une monnaie plus qu'elle ne peut donner. La monnaie est, et demeurera, un instrument. Il nous revient de mettre en œuvre les bonnes politiques économiques, celles qui favorisent la croissance et l'emploi, de prendre l'exacte mesure des enjeux auxquels nous sommes confrontés. Mais unifier nos monnaies, c'est renforcer l'unité économique de l'Europe et donner ainsi de nouvelles chances de réussite à nos entreprises, à nos emplois, grâce à la constitution d'un vaste marché de plus de 300 millions d'habitants.

L'euro est aussi une grande étape politique.

Avec l'euro, les Européens renforcent leur identité commune et leur cohésion. Dans moins de trois mois, douze pays utiliseront les mêmes billets, la même monnaie. C'est un élément fort d'une appartenance commune.

L'euro est une chance. Une chance pour notre pays. Une chance pour l'Union européenne. Une chance pour notre avenir. La Nation est et demeurera notre référence et notre horizon. Mais nous savons que les grands problèmes de notre temps, tels que le terrorisme, la sécurité, la protection de notre environnement, la croissance, dépassent le cadre de nos frontières et que l'Europe est l'espace le mieux à même pour fournir les solutions et mettre en œuvre les bonnes politiques. Consolider notre Europe est un devoir. L'euro, à sa place, y contribue.

Mesdames, Messieurs,

Je ne doute pas du succès de l'euro, passée la période inévitable de l'adaptation. La première condition de la réussite du passage du franc à l'euro, c'est que nous soyons prêts, tous prêts. C'est ce que j'ai souhaité voir concrètement avec vous au cours de cette réunion.

Je vous remercie une nouvelle fois de votre présence et je vous propose d'engager notre dialogue.