LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE
Paris, le 10 décembre 2001
Madame la Présidente,
Je suis heureux de saluer à travers vous les nombreux participantes et participants au colloque organisé par le Conseil national des femmes françaises, à l'occasion de son centième anniversaire, sur le thème : "citoyennes et solidaires".
Le Conseil national des femmes françaises est un acteur important de notre démocratie et c'est tout naturellement que j'ai accepté que l'ensemble des manifestations marquant son centenaire soit placé sous mon haut patronage. Créé à l'époque où les femmes n'avaient pas la plénitude de leurs droits civiques, ce "parlement des femmes" a accompagné toutes les grandes avancées du XXe siècle depuis l'autonomie financière des femmes mariées et salariées jusqu'aux dispositions récentes, issues notamment de l'Observatoire de la parité, favorisant l'égal accès des femmes et des hommes aux fonctions électives, en passant par l'obtention du droit de vote et d'éligibilité, en 1945.
Avec la participation croissante des femmes à la vie publique, le rôle du Conseil national des femmes françaises a évolué, mais il est resté celui, essentiel pour les pouvoirs publics, d'une institution qui fédère un grand nombre d'associations féminines et qui met en avant les progrès à réaliser pour permettre aux femmes de s'épanouir dans la société d'aujourd'hui et de contribuer davantage à la transformer.
Mieux respecter les choix des femmes, permettre à celles qui travaillent de construire leur propre parcours professionnel et familial, favoriser un meilleur partage des responsabilités familiales, garantir dans les faits l'égalité de traitement dans le travail -je pense à l'égalité de rémunération mais aussi à l'égalité des chances dans l'organisation de la carrière professionnelle-, mettre en oeuvre la parité pour favoriser davantage l'accès des femmes aux responsabilités publiques : voilà des enjeux majeurs pour les femmes et, au-delà, pour la société tout entière.
Il y a tout d'abord l'équité, qui commande de mieux reconnaître la contribution des femmes à la vie économique et sociale de notre pays. Au-delà, il y a, avec la recherche d'un réel partage des responsabilités de toute nature entre les femmes et les hommes, la promesse de nouvelles richesses et d'un meilleur équilibre pour tous.
Le rôle joué par certaines d'entre vous et le programme de votre colloque le démontrent : vous êtes particulièrement attentives à la situation des femmes en Europe et plus largement à travers le monde. Ce devoir de vigilance et de solidarité doit être partagé par chacun d'entre nous.
Chaque fois que les femmes sont maintenues dans l'asservissement, enfermées dans les carcans de la tradition d'un autre âge, privées de l'accès au savoir, à la santé, à la vie sociale, et parfois mutilées, nous devons réagir et combattre au nom même de la dignité et des droits de l'Homme. Le combat pour la dignité des femmes ne peut pas avoir de frontière ; il doit faire prévaloir cette humanité dont tous les peuples et tous les êtres sont porteurs sur l'ignorance, sur la misère et tous les fléaux qu'ils génèrent.
Les membres du Conseil national des femmes françaises sont, je le sais, des femmes de conviction, des femmes déterminées. Leur engagement doit continuer à nous guider vers cette société française que nous appelons de nos voeux : une société plus harmonieuse, plus respectueuse des choix des femmes, plus à l'écoute de leur contribution citoyenne et solidaire.
Avec mes voeux les plus chaleureux de succès et souhaitant un bon anniversaire au Centre national des femmes françaises, je vous prie d'agréer, Madame la Présidente, l'expression de mes hommages respectueux.
Avec ma bien cordiale estime,
Jacques CHIRAC
Madame Françoise DELAMOUR Présidente du Centre national des femmes françaises
(mention manuscrite) |