DISCOURS DE M. JACQUES CHIRAC

EN MAIRIE DE MONTAUBAN

(CAMPAGNE ELECTORALE POUR L'ELECTION PRESIDENTIELLE)

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VENDREDI 8 MARS 2002

Madame le Maire, Chère Brigitte BAREGES, Mesdames et Messieurs les élus, Mesdames et Messieurs,

C’est avec plaisir que je viens vous saluer aujourd’hui, Madame le Maire, ainsi que l’ensemble des élus de Montauban. Je vous remercie pour votre accueil si amical.

J’ai été sensible à votre propos et je voudrais vous dire, à mon tour, combien il m’est agréable de venir à la rencontre d’une équipe nouvelle, dirigée avec talent et dynamisme par une femme à laquelle les habitants de Montauban ont décidé de confier le destin de leur ville.

Troisième commune de France par son étendue, Montauban a en effet la chance d’avoir aujourd’hui pour maire une femme de conviction et de terrain. C’est à votre engagement et au succès qui est le vôtre, Chère Brigitte BAREGES, que j’ai souhaité venir rendre hommage, en cette journée internationale des femmes.

Vous êtes en effet le symbole de cette nouvelle génération de femmes qui entre aujourd’hui en politique et qui offre la perspective d’un enrichissement nécessaire de notre représentation nationale. Ce renouvellement, je souhaite qu’il se poursuive et qu’il s’amplifie à la faveur des prochaines élections législatives.

Vous êtes, je le sais, Madame le Maire, très attachée, à la démocratie de proximité et l’une de vos premières décisions a été de renforcer la vie démocratique des quartiers qui composent votre ville. Mais vous savez aussi que la participation accrue des femmes à l’action publique est une condition indispensable du renouveau et de la vitalité de notre démocratie.

Avec l’entrée plus large des femmes en politique, un regard différent se porte sur l’organisation de la société, des attentes sont mieux prises en compte et des solutions nouvelles peuvent être imaginées. En même temps que la fin d’une injustice, c’est la promesse d’un mieux-être pour la société tout entière.

Ici, sans doute mieux qu’ailleurs, nous pouvons dresser un bilan du chemin parcouru et des progrès qu’il reste à accomplir pour reconnaître toute leur place aux femmes.

Sur ce sujet, Montauban possède une double légitimité : votre élection et votre engagement, Madame le Maire, mais aussi l’empreinte qu’a laissée dans l’histoire de votre ville, comme dans l’histoire des droits des femmes, une personnalité exceptionnelle : Olympe de GOUGES.

Née à Montauban, auteur en 1791 de la " déclaration des droits de la femme et de la citoyenne " qui proclame l’égalité des droits entre femmes et hommes, Olympe de GOUGES mena avec passion un combat contre toutes les injustices, à commencer par celles dont étaient victimes les femmes. Son enthousiasme et ses écrits la font remarquer de Condorcet et de Mirabeau.

Son action déterminée pour l’émancipation des femmes était non violente dans une époque qui ne l’était pas. En 1793, pour être restée fidèle à ses idées généreuses et pacifiques, elle est arrêtée puis guillotinée.

Personnalité attachante, Olympe de GOUGES a trouvé, d’ailleurs assez récemment et sans doute encore imparfaitement, sa place dans la lignée des grandes figures qui ont fait progresser la place des femmes dans la société française.

Certes, il aura fallu attendre la Libération et la décision prise alors par le Général de Gaulle pour donner le droit de vote aux femmes et pour faire enfin des Françaises des citoyennes à l’égal des hommes !

Les femmes ont acquis peu à peu une autonomie et de nouveaux droits civils et familiaux. Elles ont fait massivement le choix d’une activité professionnelle. Elles prennent, au fil des ans, toute leur place, aux côtés des hommes.

Pour autant, nous le savons bien, de graves inégalités demeurent, notamment en termes d’accès à l’emploi ou en matière de salaire. Ces inégalités sont d’autant plus choquantes qu’aujourd’hui les femmes sont souvent plus diplômées que les hommes.

Nous devons également mieux concilier vie familiale et vie professionnelle des femmes en adaptant les aides familiales et en encourageant les entreprises à créer des services de crèches et à aménager le temps de travail pour faciliter la vie de leurs collaboratrices.

Nous devons enfin réagir fortement contre les violences de toute nature dont, hélas, les femmes sont de plus en plus victimes.

J’aurais l’occasion d’évoquer aujourd’hui ces sujets, et bien d’autres qui concernent aussi les femmes et je m’en réjouis.

Mais au-delà des progrès qui restent à faire, il faut avoir conscience que la place qu’une société réserve aux femmes est l’un des signes les plus manifestes de son degré de civilisation, de sa capacité à fonder un système de valeurs sur d’autres bases que la simple affirmation de la force physique. L’égalité des sexes est l’une des conquêtes les plus précieuses de notre époque. Elle doit être défendue contre toutes les atteintes.

La défense du statut de la femme, de son égalité, de sa liberté de disposer d’elle-même, font partie des principes auxquels aucune dérogation n’est tolérable.

La mixité, cette recherche d’un meilleur équilibre entre les hommes et les femmes dans la société, est une force de transformation et une force de rénovation. C’est un grand défi pour les prochaines années.

A travers la mixité, c’est en effet l’ensemble de notre contrat social qui évolue. La mixité nous permet de bâtir une société plus équitable, mais aussi plus harmonieuse, plus riche d’énergies créatrices, plus favorable au développement de l’individu et plus respectueuse de la dualité fondamentale de la personne humaine.

C’est bien là, la voie sur laquelle vous vous êtes engagés, Madame le Maire, Mesdames, Messieurs. Je tiens à vous exprimer mon estime et ma reconnaissance.