Allocution prononcée par M. Jacques CHIRAC, Président de la République, à l'Hôtel de ville de Tunis.
Tunis, le jeudi 4 décembre 2003.
Monsieur le Maire, Mesdames et Messieurs les membres du Conseil municipal, Mesdames, Messieurs, Mes chers amis,
Je tiens tout d'abord à vous dire, Monsieur le Maire et, vous dire du fond du coeur, combien je suis heureux de venir aujourd'hui, avec mon épouse, à votre invitation, à la rencontre de cette superbe ville de Tunis, et dans son coeur historique. Je veux vous remercier chaleureusement des paroles que vous venez de m'adresser. Elles font écho à l'accueil si chaleureux qui nous a été réservé depuis que nous sommes arrivés ici et auquel nous sommes, moi-même, mon épouse, ma délégation, infiniment sensibles, ayant véritablement le sentiment d'être chez des amis.
Être ici, à vos côtés, m'offre l'occasion de rendre hommage au prestigieux passé de votre cité, et à son extraordinaire richesse humaine. Tunis a abrité, depuis des siècles, une civilisation urbaine florissante, qui a donné naissance à une culture sociale infiniment raffinée, à une vie intellectuelle, à une vie religieuse particulièrement dynamique, à un artisanat et à un négoce prospères. A quelques pas d'ici, la Médina, trésor du patrimoine mondial, illustre à travers ses palais, ses commerces, ses écoles, à travers aussi ce lieu majestueux et unique qu'est la Grande Mosquée de la Zitouna, illustre une vitalité exceptionnelle.
La richesse de cette cité, ce sont aussi, Monsieur le Maire, vous l'avez souligné, ses hommes et ses femmes qui ont contribué à son rayonnement. Je pense aux savants, aux intellectuels nés ici et qui ont pris une part éminente aux progrès de l'esprit humain dans notre histoire commune. A quelques foulées d'ici, une cité s'éleva jadis, si puissante qu'elle inquiéta la Grèce et Rome, avant de devenir le centre intellectuel et religieux de l'Afrique romaine. Dans cette ville arabe de Tunis, je songe à l'effervescence qui fut celle de l'époque hafside et que symbolise la personnalité extraordinaire du plus illustre de ses enfants, Ibn Khaldoun.
Historien si profondément maghrébin, précurseur des Encyclopédistes et véritable père de la sociologie moderne, son souci de la vérité des faits, ses méthodes d'investigation rigoureuses, telles qu'elles apparaissent dans la " Mukaddima ", illustrent une conception exigeante et avant-gardiste de l'Histoire. Son sens du récit, nourri par ses voyages et leurs péripéties dans tout le monde méditerranéen, nous offre les pages les plus extraordinaires, les plus passionnantes sur la civilisation nord-africaine de la fin du Moyen Age.
Je n'oublie pas non plus la situation privilégiée de Tunis, au carrefour de l'Europe et de l'Afrique, entre Méditerranée occidentale et Orient. Au long des siècles, elle a attiré à elle, pour les mêler, pour les brasser, des populations de toutes origines, de toutes religions, de toutes cultures. Leurs sensibilités, leurs savoir-faire, leurs talents se sont épanouis ici dans un climat de tolérance toujours préservé, toujours cultivé. Cette hospitalité tunisoise, cette générosité particulière, ce goût de l'ouverture, sont incontestablement la marque du génie de cette cité et l'une des clés de son rayonnement.
Aujourd'hui, Monsieur le Maire, Mesdames, Messieurs, je retrouve une ville fière de son passé mais aussi pleinement tournée vers l'avenir, portée par le dynamisme de sa jeunesse, animée d'un véritable élan de modernité.
Les grands chantiers d'aménagement et d'infrastructures dont vous nous avons évoqué les projets, ont l'ambition, à juste titre, de hisser Tunis au tout premier rang des grandes métropoles méditerranéennes. Devant vos efforts, vous pouvez compter sur l'appui de la France, et plus particulièrement des villes françaises avec lesquelles vous avez tant de liens.
Le souci de proximité des citoyens, l'efficacité de l'action publique commandent, ici comme ailleurs, la recherche de nouvelles formes d'organisation. Cette réflexion doit tirer pleinement parti des échanges, des coopérations, des partenariats déjà noués, de part et d'autre de la Méditerranée, par nos administrations et par nos collectivités territoriales. Et ma visite, dans laquelle m'accompagnent des élus français, députés et sénateurs, est l'occasion de donner une impulsion nouvelle à la coopération décentralisée entre nos deux pays, dans la perspective de la prochaine rencontre, à Marseille, en juin prochain, de nos collectivités locales.
Tunis, enfin, est plus que jamais un pôle de rayonnement, vous l'avez évoqué Monsieur le Maire, de la Francophonie. Et je tiens à saluer l'énergie que vous déployez à son service et votre engagement en faveur de la diversité culturelle, au sein notamment de l'Association Internationale des Maires Francophones qui tient, vous le savez, une place particulière dans mon coeur.
Monsieur le Maire, Mesdames et Messieurs, le message que je suis venu porter au nom de la France au Président BEN ALI et au peuple tunisien est un message de grande confiance dans l'avenir de la Tunisie, et un message de soutien et de fraternelle amitié. Cet avenir, cette amitié, Tunis en est un acteur essentiel. En vous exprimant une fois encore ma reconnaissance pour votre accueil, je souhaite, Monsieur le Maire, à Tunis, aux Tunisoises, aux Tunisois beaucoup de succès dans leurs efforts pour préserver et mettre en valeur les richesses de cette ville magnifique, et pour poursuivre son remarquable développement.
Vive la Tunisie, vive la France et vive l'amitié entre la Tunisie et la France !
Je vous remercie.
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