RECEPTION OFFERTE PAR MONSIEUR JACQUES CHIRAC PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE
A BORD DE LA FREGATE SURCOUF
(INDE)
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BOMBAY - Samedi 24 Janvier 1998
Au lendemain du drame qui a frappé si cruellement une classe du collège Saint-François d'Assise de Montigny-le-Bretonneux et aussi ses accompagnateurs -et avant toute chose-, je voudrais exprimer ma peine, notre peine à tous je n'en doute pas.
Je voudrais nous associer à la douleur de chaque famille et je voudrais leur dire que je pense, que nous pensons, très fort à elles.
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Mes chers compatriotes,
Je suis heureux de saluer un certain nombre des représentants de la communauté française à Bombay, les représentants du secteur privé, les enseignants, les fonctionnaires, les religieux, leur dire toute mon estime et toute ma reconnaissance pour ce qu'ils font, toute mon aide, toute mon amitié aussi.
Je le fais au nom des deux ministres présents, Monsieur le ministre de l'Education et de la Recherche, Monsieur Claude Allègre, Monsieur le ministre des Finances, de l'Economie et de l'Industrie, Monsieur Dominique Strauss-Kahn et aussi au nom du ministre des Affaires étrangères qui nous rejoindra demain à New Delhi.
Je le fais aussi au nom des Parlementaires Sénateurs et Députés, Présidents des Groupes d'Amitié, qui ont tenu à être ici, et je remercie notre Ambassadeur et notre Consul Général pour l'organisation parfaite de notre voyage.
Je remercie également les chefs d'entreprises, très nombreux, et du plus haut niveau français qui ont tenu à être présents pour relancer fortement le dialogue avec leurs homologues indiens, qui ont souhaité donner en quelque sorte un nouveau départ par ce biais, aux relations économiques, aux échanges, aux investissements franco-indien.
Je veux saluer tout spécialement un certain nombre de nos amis indiens qui nous ont fait le plaisir d'être avec nous cet après-midi, sur cette frégate.
Je suis en effet heureux que nous soyons rassemblés sur la Frégate SURCOUF qui est l'un des fleurons de notre marine, et je voudrais remercier chaleureusement l'Amiral Commandant les Forces Maritimes Françaises dans l'Océan Indien et remercier particulièrement le Commandant Marcus, Commandant la Frégate SURCOUF.
Chers amis, ce voyage est une visite d'Etat qui intervient pour le cinquantenaire de l'indépendance de l'Union indienne. Nous aurons, les membres du Gouvernement et moi-même, le privilège d'assister à une cérémonie, lundi à New Delhi, pour ce cinquantième anniversaire, qui est aussi, je tiens à le souligner, le cinquantième anniversaire -au delà de la naissance de la plus grande démocratie du monde-, de la signature à Paris, en 1948, de la déclaration universelle des Droits de l'Homme, à la rédaction de laquelle, la délégation indienne et la délégation française ont pris une part particulièrement active et importante. Et en cet anniversaire, je tiens à le souligner.
Nous sommes venus ici parce que même si la relation culturelle entre l'Inde et la France a toujours été forte, même si la relation politique a toujours été bonne, la relation économique s'inscrit souvent dans une sorte de flou, qui a nui à son efficacité.
Au fond, la France moderne qui produit, qui gagne, qui travaille, qui se bat est mal connue en Inde. Il faut dire les choses : souvent l'Inde, -cette grande nation qui s'est ouverte sur le monde, qui investit, qui travaille aussi, dont la communauté scientifique est tout à fait exceptionnelle, qui est l'une des plus grandes puissances économiques potentielles de la planète-, est mal connue en France.
Dans le cadre d'une politique que j'ai voulue plus tournée vers l'Asie que par le passé, j'ai souhaité que la France ne limite pas ses efforts à la Chine, au Japon, au Vietnam, à l'Asie du sud-est, mais les fasse porter sur le pays qui sera le plus peuplé du monde dans les vingt-cinq ans qui viennent et dont le rôle et la place sur le plan économique sont destinés à être tout à fait essentiels.
Je suis venu avec l'idée de rétablir un dialogue confiant et ensuite de poser les bases d'un partenariat plus efficace. Ce dialogue confiant est facile à engager pour peu que l'on s'en donne la peine. J'ai été très impressionné, aujourd'hui, par le colloque auquel ont participé les plus grands noms de l'entreprise indienne et française, et la volonté de part et d'autre d'une vraie relance, avec la mise en oeuvre de moyens pour la promouvoir.
Dans le même temps, nous allons demain annoncer la création d'un forum d'initiatives entre nos deux pays, comme il en existe un entre la France et le Japon, qui a donné beaucoup de satisfaction et qui a été très efficace. Notre commission mixte économique va se réunir dans les deux mois qui viennent, le Parlement français, à l'initiative de notre Gouvernement va voter un texte important en ce qui concerne les investissements réciproques.
Bref, il y a une espèce de synergie qui se crée, une espèce de volonté commune, un certain nombre d'événements qui nous permettrons, je le pense, de renforcer sensiblement les liens économiques entre nos deux pays.
C'est vrai que la France, qui est la quatrième puissance économique du monde, quatrième exportateur et importateur, second exportateur dans les domaines les plus prometteurs pour l'avenir, celui des services et celui des produits agricoles et alimentaires ; la France ici, n'a qu'une place très modeste.
J'ai été frappé par la volonté d'ouverture manifestée à la fois par les dirigeants politiques et par les dirigeants économiques de cette très grande nation à l'égard des liens qu'elle souhaiterait avoir, dans beaucoup de domaines, avec la France ; qu'il s'agisse de l'économie, qu'il s'agisse de la recherche -de ce point de vue les perspectives sont également importantes-, le ministre de la Recherche a pris un certain nombre de décisions et prévu un certain nombre de perspectives très positives, avec son homologue indien.
Pour tout cela, il faut une volonté politique, il faut une volonté des chefs d'entreprises, je crois que les deux existent. Il faut des hommes et des femmes qui, sur le terrain, relaient dans tous les domaines spirituel, culturel, économique, politique, cette action et notamment ici, la présence de la France. Je sais que c'est votre cas, et je voudrais vous dire à cet égard que ce caractère de pionnier qui est celui de votre action devrait nous permettre de développer sensiblement celle-ci.
C'est pourquoi je terminerai par où j'ai commencé, c'est-à-dire en vous exprimant mes sentiments très sincères de reconnaissance, d'estime, d'amitié et aussi puisque nous sommes aujourd'hui le 24 janvier, dans le premier mois de l'année, je voudrais vous adresser au nom du Gouvernement, en mon nom personnel, mes voeux très sincères et très chaleureux, pour vous-mêmes, pour tous les vôtres, pour la réussite de vos entreprises. |