Paris, le 10 juillet 1998
Monsieur le Président, Cher Ami,
La lettre que vous venez de m'adresser m'a profondément touché.
Lors de notre dernière rencontre, le 8 juin à New York, aux Nations Unies, nous avions évoqué tous les thèmes de coopération qui rapprochent si heureusement, et de façon croissante, le Brésil et la France.
Je vous avais alors dit ma certitude que nos deux pays se retrouveraient en finale de la Coupe du Monde de Football. Vous m'aviez répondu que vous partagiez ce pronostic. Et nous étions tous deux convenus que ce match historique, au-delà de l'affrontement des deux meilleures équipes du monde, serait le plus beau symbole de l'amitié qui unit les peuples brésilien et français.
Je sais que, le 12 juillet, tout le Brésil aura les yeux tournés vers la France et vivra avec passion chaque instant de la rencontre. Je vous demande de dire à vos compatriotes que cette finale réalise le rêve secret de tous les Français depuis le début de la Coupe : voir les " Bleus " face à la " Seleçâo Canarinho ".
Le match opposera deux équipes qui ont constamment fait preuve d'un esprit de conquête, d'une qualité et d'une homogénéité exceptionnels. Il promet d'être disputé, mais je suis sûr qu'il sera toujours loyal. Et je suis certain que les sentiments particuliers d'estime, de respect et d'affection que les Français portent aux Brésiliens sortiront renforcés de ce magnifique spectacle.
Mon seul regret, mon cher Fernando Henrique, est que, pour des raisons que je comprends parfaitement, vous ne puissiez être mes côtés dans le stade de France. J'attache en effet le plus grand prix à notre amitié et j'aurais été profondément heureux que nous vivions côte à côte, fraternellement, ce grand événement.
Et maintenant, que le meilleur gagne !
Bien amicalement,
Jacques CHIRAC |