ALLOCUTION PRONONCEE PAR
MONSIEUR JACQUES CHIRAC
PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE
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DEVANT LA COMMUNAUTE FRANCAISE
ET LES PERSONNALITES LIBANAISES INVITEES
A LA RESIDENCE DES PINS
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BEYROUTH, SAMEDI 6 AVRIL 1996 A 10 H 15
Monsieur le Président du Conseil des Ministres,
Mesdames et Messieurs,
Mes Chers amis
Mes chers compatriotes,
Quand je fais un voyage officiel à l'étranger la tradition veut que je reçoive à l'Ambassade de France, les Français.
Ici, j'ai pensé que les choses étaient un peu différentes et qu'il n'était pas facile dans mon coeur de distinguer les Libanais et les Français.
Alors je me suis dit que dans cette situation exceptionnelle j'allais inviter les uns, et les autres, et je souhaite à chacune et à chacun, Libanais et Français la plus cordiale des bienvenues.
Vous travaillez tous ici, quelle que soit votre origine, quelle que soit votre communauté, française, libanaise, pour un objectif auquel nous sommes tous profondément attachés et qui consiste à vouloir rendre au Liban cette place exceptionnelle que ce vieux pays, que ce vieux peuple a depuis si longtemps dans l'histoire du berceau de nos civilisations.
Beaucoup de Français sont présents ici au Liban, et je dirais de plus en plus associés aux activités politiques, économiques, sociales, religieuses et je voudrais leur dire mon estime et aussi tous mes encouragements. Ils sont un peu chez eux ici, en tous les cas c'est ainsi que je le ressens quand je me trouve au Liban. Je souhaite qu'ils apportent toute la force de leur coeur, de leur intelligence, de leur compétence au service du redressement du Liban.
Et puis les Libanais que j'ai rencontré, si nombreux, et dont j'ai observé que les sentiments à l'égard de la France n'ont pas été émoussés par les épreuves et que ces sentiments restaient forts, ceux d'une véritable fraternité au sens profond de ce terme. Je voudrais leur dire que pour les français, pour moi, il y a un objectif, une priorité, dans l'action extérieure de mon pays qui est de rendre ou d'aider le Liban à reprendre toute sa place parmi les premiers dans un monde méditerranéen marqué par la stabilité, la paix, le développement. C'est cela notre objectif et pour l'atteindre le Liban, par sa tradition, par sa culture, a et aura sans aucun doute une place tout à fait éminente.
C'est ici, au Liban, que se joue me semble-t-il l'avenir de la paix, de la convivialité, de la tolérance, de la démocratie dans cette région du monde.
Je voudrais que la France, avec le Liban, la main dans la main, puisse contribuer fortement à l'enracinement ou au ré-enracinement de ces valeurs de tolérance, de paix, de liberté, de démocratie, de façon à ce qu'on retrouve ici comme partout autour de la Méditerranée, en Europe, en Afrique, en Asie, que l'on retrouve cette capacité à mieux se comprendre et à davantage s'aimer, se respecter pour dialoguer, avoir un combat d'idées, mais pas un combat d'armes.
Voilà, Mesdames et Messieurs, chers amis libanais, mes chers compatriotes ce que je souhaitais exprimer par ce voyage que j'ai fait ici et qui n'est pas un voyage comme les autres, qui est un voyage auquel j'ai pensé depuis longtemps, bien avant d'être élu lorsque je faisais ma campagne électorale et que je prenais un instant de réflexion pour me dire : et bien j'irais au Liban et j'essaierais d'apporter quelque chose au peuple libanais et à l'amitié franco-libanaise.
C'est donc un message de solidarité que j'ai voulu prononcer ici, un message d'amitié, mais c'est surtout, et je m'adresse aux libanais, comme aux français un message de confiance. L'avenir du Liban est devant lui, le Liban est et restera une grande nation, cela ne fait aucun doute malgré les rigueurs des crises ou les difficultés du moment parce que c'est une nation fondée sur une civilisation, une histoire, une culture, des hommes et des femmes de qualité et cela n'est pas susceptible de disparaître comme cela, sans laisser de trace.
C'est un message de confiance que je voudrais adresser aux français pour qu'ils s'investissent toujours davantage dans le redressement du Liban et surtout un message de confiance que j'adresse aux Libanais pour leur dire "ensemble, la main dans la main, faites en sorte de rendre à votre pays la splendeur qu'il tient de son passé et que vous devez transmettre à vos enfants".
Voilà chers amis libanais, mes chers compatriotes dans quel esprit, avec les membres du Gouvernement présents sur cette tribune, je suis venu vous saluer, vous donner le salut du coeur et je vous remercie.
Je voudrais remercier l'orchestre des Forces de Sécurité du Liban, j'ai rarement entendu une aussi belle Marseillaise. Il faut venir, ici, à Beyrouth pour l'entendre.
Monsieur le Premier Ministre je vous remercie. |