ALLOCUTION DE MONSIEUR JACQUES CHIRAC, PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE, LORS DE LA REMISE DE LA MEDAILLE DE LA FAMILLE FRANCAISE


Palais de l'Elysée - Paris le lundi 9 juin 1997.


Monsieur le Président,

Monsieur le Président du Conseil économique et social,

Mesdames, Messieurs,

Je suis heureux de vous accueillir une nouvelle fois à l'occasion d'une cérémonie qui est sans doute l'une des plus attachantes, peut-être, peut-on dire des plus émouvantes, du calendrier républicain.

Notre rendez-vous est désormais traditionnel, puisque c'est la troisième fois que nous nous retrouvons, mais c'est la première fois que j'ai le plaisir d'y accueillir le Président Hubert BRIN dans ses nouvelles fonctions de Président de l'Union nationale des associations familiales et cela m'est particulièrement agréable.

Permettez-moi, Cher Président, de vous dire que le propos, à la fois chaleureux, je veux dire au sens du coeur, et fort que vous avez tenu sur cette structure essentielle de toute société humaine qu'est la famille, recueille naturellement l'assentiment de tous, mais aussi le mien dans tous ses détails.

J'ai déjà pu apprécier au cours de nos rencontres, Monsieur le Président, que vous avez évoquées et qui sont toujours pour moi un moment intéressant et agréable, votre dynamisme et votre engagement au service de la cause familiale. Je sais que les pouvoirs publics trouvent et trouveront en vous un interlocuteur attentif, éclairé, qui saura mettre au service du mouvement familial une longue expérience acquise notamment au sein de la Caisse nationale d'allocations familiales ou du Conseil économique et social.

La cause que vous défendez, Monsieur le Président, chacun le sait, est essentielle puisqu'elle conditionne l'avenir de notre pays, comme l'avenir de toute nation et de toute civilisation.

La famille est, à la fois, une valeur très ancienne et une valeur très moderne. Elle est le dépositaire du meilleur de nous-mêmes, de nos espoirs comme de nos joies. Elle est le creuset d'où émergera forcément la France de demain qui ne pourra être que le reflet des familles qui la compose.

C'est au sein de la famille, vous l'avez dit, que se construisent les existences. C'est en son sein que se forgent les personnalités, que s'épanouissent les talents, que se réduisent les handicaps.

Qu'il s'agisse de l'éducation, de l'apprentissage des responsabilités ou de la capacité à faire face aux épreuves de la vie, les parents ont évidemment un rôle considérable, essentiel à jouer.

Mais la famille, je crois, n'est pas seulement une promesse d'avenir. Elle est aussi le lieu où se manifestent au jour le jour, vous l'avez évoqué, l'entraide, l'écoute, la générosité, toutes ces qualités humaines qui font la richesse d'une société mais qui font aussi, et surtout, sa cohésion.

Les liens que tisse la famille sont d'abord et avant tout des liens de solidarité. C'est souvent, vous l'avez dit et c'est vrai, et particulièrement important aujourd'hui, le dernier rempart contre la précarité, contre la marginalisation, contre l'exclusion.

Dans une société qui s'inquiète et qui doute, la famille est en réalité le repère le plus important, le repère le plus essentiel.

Nous avons eu l'occasion de nous en entretenir récemment, Monsieur le Président, et je sais que c'est également votre conviction : on ne réglera aucun des problèmes majeurs de notre société que sont la violence, la drogue, la maltraitance des enfants sans les familles, sans les parents.

L'Etat peut et doit faire ce qui est nécessaire, le milieu associatif est irremplaçable, mais rien de sérieux ne sera fait contre ces fléaux du monde moderne et qui sont peut-être, d'ailleurs sous une forme ou sous une autre, des fléaux de tous les temps, sans la responsabilité directe des familles et celle des parents.

Nos familles témoignent aussi de ce que peut apporter la solidarité entre les âges, vous l'avez évoqué à juste titre, dans une société où les retraités représentent une part toujours plus importante, et je dirais, toujours plus jeune et dynamique de la population.

Alors que nous avons une fâcheuse propension à écarter prématurément les plus de cinquante ans de la vie professionnelle, nous constatons chaque jour, dans notre cercle familial, l'apport irremplaçable d'un troisième âge actif, entreprenant qui peut et qui veut faire quelque chose au service de ceux qui l'entourent.

Aide des grands parents pour la garde des enfants, aide financière souvent importante, engagement dans le milieu associatif, aide contre les aléas de la vie et notamment le chômage des jeunes ; les exemples sont nombreux de cette solidarité entre les générations.

La famille évolue en fonction des réalités de la vie moderne. Notre société doit l'accompagner naturellement dans ses évolutions. Elle doit s'adapter aux nouveaux besoins de la famille.

Nous le savons, les mères de famille sont de plus en plus nombreuses à travailler : 80 % en France des femmes travaillent, ce qui est d'ailleurs je crois le chiffre le plus élevé de tous les pays de l'Union européenne mais leur vie professionnelle est trop souvent une course d'obstacles. Nous devons inventer -vous avez, je le sais, des idées sur ce point qui doivent être examinées avec beaucoup d'ouverture d'esprit - un nouveau rapport au temps qui permette de mieux concilier l'activité professionnelle et les responsabilités familiales.

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Monsieur le Président,

Mesdames, Messieurs,

En remettant à celles qui les méritent ces médailles de la Famille française, je voudrais vous assurer de mon respect et de mon estime. Vous avez apporté à votre pays le meilleur de vous-même. Vous avez prodigué sans relâche tendresse et dévouement pour mettre au monde et pour élever vos enfants, vos nombreux enfants. Et de ce point de vue, vous êtes dans notre société des femmes exemplaires, et des hommes parfois.

Par votre choix, vous témoignez de cette idée de la famille si présente au coeur de nos compatriotes. Vous témoignez de la force des valeurs de générosité et de solidarité qui sont ce que notre pays a de meilleur. Vous témoignez d'une confiance en l'avenir qui doit inspirer chacun d'entre nous.

Au nom de la France, je voudrais simplement vous en dire merci.