Discours de M. Jacques CHIRAC, Président de la République, à l'occasion de l'inauguration du boulevard du Midi-Louise Moreau
Cannes - Alpes Maritimes, jeudi 9 mars 2006
Madame et Messieurs les Ministres,
Monsieur le Député-Maire, Mon cher Bernard,
Mesdames et Messieurs les Parlementaires,
Monsieur le Président du Conseil général,
Mesdames et Messieurs les Elus,
Chers Amis de Cannes et de Mandelieu-La Napoule,
C'est effectivement comme l'a dit Bernard BROCHAND, avec émotion que nous sommes rassemblés ici, ce matin, pour évoquer ensemble le souvenir d'une femme, c'est vrai, d'exception.
Une femme, dont les choix auront toujours été les mêmes, exprimés à travers le courage qui la caractérisait, l'engagement et la fidélité.
Une femme, dont la vie restera comme un exemple de ce que la politique a de plus noble. En clair, une femme de cœur.
Cinq années se sont écoulées depuis que Louise Moreau nous a quittés. Et pourtant, elle reste, vous l'avez dit, cher Bernard, profondément présente dans nos cœurs et dans nos mémoires.
Pour beaucoup d'entre nous, pour moi notamment, Louise Moreau était d'abord une amie. Une personnalité rare, qui dissimulait, derrière une immense pudeur et l'ardeur du tempérament, la sensibilité, l'attention, la chaleur, la bonté, l'humour, la générosité.
Louise Moreau a consacré sa vie aux autres. Elle a porté avec passion son idéal de justice et de solidarité, son idéal de fraternité. C'était sa raison de vivre, ce sens profond de sa vie. Elle y trouvera la source toujours renouvelée d'un courage extrême qui la caractérisait.
Courage, aux heures héroïques de la Résistance. Louise MOREAU n'avait pas vingt ans qu'elle assurait déjà, au péril de sa vie, les missions les plus dangereuses. Elle avait en elle cette ténacité farouche, ce caractère trempé des combattants animés par la volonté de vaincre. Elle sauvera bien des patriotes français et alliés. L'amour de la patrie et le service de la France furent pour Louise MOREAU bien plus qu'un devoir. Ils furent une exigence de chaque instant.
Courage à nouveau, quand le décès prématuré de son mari fit de Louise MOREAU un chef d'entreprise talentueux et une femme d'affaires d'une rare énergie. Il lui faudra alors affronter l'univers éminemment masculin et souvent dur des travaux publics et des marchés internationaux. Mais sa réussite fut, une fois encore, à la hauteur de sa détermination et de son intelligence.
Courage toujours, quand elle fit le choix, à quarante ans, de s'engager en politique. Profondément attachée à cette Côte d'Azur dont elle tomba très jeune amoureuse, elle fut d'abord élue, en 1971, maire de Mandelieu-La Napoule. Elle occupera cette fonction jusqu'en 1995, gardant toujours la confiance et l'affection de ses administrés.
En 1978, elle est élue à l'Assemblée nationale. Grande parlementaire, Louise MOREAU y défendra, avec une ténacité farouche, ce département des Alpes-Maritimes auquel tant de liens la rattachent. Son intégrité, son attachement indéfectible aux valeurs humanistes de la République et son combat contre tous les extrémismes lui valurent estime, admiration et reconnaissance sur tous les bancs de l'Hémicycle.
Aux côtés de Simone VEIL, elle participera également aux premiers pas de l'Assemblée des Communautés européennes de Strasbourg. Elle y mettra toute sa vitalité, s'attachant à faire vivre une Europe plus généreuse et plus proche des citoyens.
Courage enfin, lorsque, malade, elle continuait, malgré la fatigue, malgré la souffrance, à se rendre chaque semaine au palais Bourbon pour assister aux débats de l'Assemblée.
Jusqu'au bout Louise Moreau restera fidèle à ses idéaux, à ses engagements, fidèle à la France.
C'est pourquoi, aujourd'hui, en pensant avec une profonde affection à elle, comme beaucoup d'entre vous ici, mais aussi à ses proches, à sa famille, à ses petites-filles, à vous Valérie et Olivia, dont elle parlait si souvent et si affectueusement, en mémoire aussi de son fils unique disparu avant elle, et en reconnaissance de son action, de son dévouement au service de notre pays, je suis heureux d'inaugurer, avec vous, Monsieur le Député-Maire, mon cher Bernard, ce boulevard. Il reliera en effet Mandelieu-La Napoule et Cannes, ces deux villes si chères à son cœur et il portera désormais, vous l'avez dit, le beau nom de "boulevard du Midi-Louise Moreau", en hommage à une femme en tout point exceptionnelle.
Je vous remercie. |