Sommet de Beyrouth, le 18 octobre 2002
Discours de M. Jacques CHIRAC, Président de la République, lors de la cérémonie d’ouverture de la IXème Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement ayant le français en partage
[…] Dans un monde travaillé par la violence et par la guerre ; dans un monde où persiste la misère de masse, alors que la richesse globale s’accroît à un rythme sans précédent dans l’histoire ; dans un monde où l’homme mutile la nature, sans laquelle pourtant il ne peut vivre ; dans un monde où l’accélération des échanges et des connaissances devient vertigineuse ; dans un monde où la recherche de sens et de repères, la culture s’impose. Elle s’impose parce qu’elle est porteuse d’espérance.
La culture, c’est le mouvement par lequel l’homme décide de dire non à la fatalité, de maîtriser ses instincts, de comprendre ce qu’il vit et de lui donner un sens. Manifestation de la force de l’esprit, elle est l’arme de l’intelligence contre la force brute et les obstacles apparemment insurmontables. Fruit d’expériences ancestrales, aspiration au bonheur, elle ennoblit l’existence.
En ces temps où l’humanité doit s’inventer une destinée commune, ces temps riches de promesses et de menaces à la fois, nous francophones, ayant le français en partage, nous avons une mission. Différents par l’origine, la race, la religion, rassemblés par les tourments de l’histoire, nous voulons faire vivre et partager l’idéal humaniste qui nous unit.
Où mieux qu’à Beyrouth, dans ce pays aux racines millénaires où se sont succédés les peuples et les civilisations, pouvions-nous célébrer le dialogue des cultures ? Ici, nous pourrons méditer sur l’expérience séculaire du peuple libanais. Un peuple qui a su conjuguer les influences de l’Orient et de l’Occident. Un peuple doué du génie du commerce qui, avant tous les autres, s’en est allé explorer le monde. Un peuple qui a subi trop souvent l’amère expérience des conflits, de l’invasion et de la discorde intérieure. Mais un peuple qui s’est toujours redressé, que sa curiosité du monde et sa capacité d’adaptation ont toujours maintenu parmi les nations influentes. Un peuple que nous remercions pour la chaleur de son hospitalité.