Allocution de M. Jacques CHIRAC, Président de la République, devant la communauté économique de la région de Nagoya.
Nagoya, Japon, le mercredi 19 juillet 2000
Mesdames et Messieurs,
Monsieur le Président,
C'est pour moi un grand plaisir de me trouver ici, à Nagoya, une des régions les plus dynamiques et les plus prospères, les plus inventives, aussi, du Japon et devant vous, qui représentez les forces économiques et industrielles de cette région du Chubu. Et je tiens à vous remercier chaleureusement pour votre accueil.
Vous savez combien j'attache personnellement d'importance au développement des relations en général, et des relations économiques en particulier, entre le Japon et l'Union européenne, entre le Japon et la France.
Depuis le 1er juillet, la France assure la présidence de l'Union européenne et je suis heureux que son premier geste en qualité de Président soit au Japon, à l'occasion du Sommet Japon-Union européenne que nous avons tenu ce matin à Tokyo. Cette présidence, c'est une tâche exigeante mais aussi passionnante, qui doit contribuer à construire une Europe toujours plus forte, toujours plus unie, toujours plus respectée. Une Europe également ouverte sur le monde.
Cette Europe est déjà votre premier partenaire et elle souhaite développer encore et beaucoup ses échanges avec l'Asie en général, avec le Japon en particulier. Les échanges favorisent la croissance, ils diffusent le progrès, ils accroissent la compréhension entre les peuples. Nous avons besoin de plus d'échanges, de plus d'ouverture, mais dans un cadre renforcé et qui tienne davantage compte des préoccupations des hommes et des femmes de notre temps : l'environnement, le social, la sécurité sous toutes ses formes. Nous avons aussi besoin, pour une croissance mondiale plus équilibrée et plus stable, d'une Asie dynamique, d'un Japon fort, d'une Union européenne solide.
Je sais que Japonais et Français ont à cœur de faire fructifier notre relation et que nous partageons largement les mêmes objectifs.
Dans quelques mois, nous nous retrouverons en Corée pour le troisième sommet Asie-Europe. L'ASEM est un bon outil qui doit être mis davantage au service du renforcement de nos relations dans tous les domaines, politique, économique, culturel et vous pouvez compter sur moi, comme je sais pouvoir compter sur le Japon, pour que cette rencontre permette à nos deux continents de développer une relation toujours plus étroite et plus fructueuse.
L'Europe et la France ont désormais largement renoué avec la croissance et les perspectives sont favorables. L'euro, notre nouvelle monnaie, nous y a grandement aidé. J'ai confiance dans l'euro. Il est de l'intérêt de l'Europe d'avoir une monnaie solide, forte, stable. C'est pourquoi les dirigeants européens sont très attentifs à son évolution. Et vous, entreprises, banques, gestionnaires japonais qui avez investi dans l'euro, vous avez raison d'avoir confiance.
Au cœur de la zone euro, la France a l'ambition d'être un grand partenaire. Vous connaissez nos atouts. La France est active. Ses hommes et ses femmes sont bien formés. Ses infrastructures, sa recherche, sont de grande qualité. Son art de vivre est reconnu. Elle est ouverte à l'investissement. Vous le savez, puisque les entreprises japonaises ont déjà procédé à d'importantes implantations dans toutes les régions de France et dans tous les secteurs, en particulier dans les hautes technologies.
Beaucoup de ces investissements viennent de sociétés qui ont leur siège dans la belle et dynamique région de Nagoya. Je salue tous ceux qui sont présents ici ce soir et qui ont décidé d'investir dans mon pays. Je salue au premier rang d'entre eux le Président Shoichiro TOYODA. Permettez-moi d'affirmer à nouveau ma conviction que ces entrepreneurs ont procédé à un choix juste en s'implantant en France. Je souhaite que la France soit pour les entreprises japonaises, et pour reprendre une expression du monde de l'internet, " le portail " de l'Union européenne.
Mais une bonne relation est une relation équilibrée, car elle traduit la confiance réciproque. Et je suis heureux de voir que les investissements français se multiplient au Japon.
La France est ainsi devenue chez vous le 3e investisseur étranger. A Nagoya, une quinzaine de grandes sociétés françaises représentatives de l'automobile, de l'électronique, de la chimie, du secteur financier et des services sont déjà implantées. En cette année 2000, une section française vient d'être créée au sein de la fédération industrielle du Chubu, et je m'en réjouis. Une Association France-Aichi vient également de voir le jour, et ceci grâce à des personnalités japonaises qui s'engagent dans notre relation et à qui je voudrais dire aussi toute ma reconnaissance.
Beaucoup encore reste à faire. L'automobile, l'industrie aéronautique, l'environnement sont des secteurs où de nombreux projets sont en discussion. J'espère qu'ils pourront se réaliser rapidement. Comme je souhaite que les entreprises japonaises et françaises développent leur coopération et leurs alliances dans le domaine des technologies de l'information. Nous avons déjà des partenariats forts et qui s'intensifient. Ensemble, Japonais et Français, nous pouvons faire plus et mieux pour que cette véritable révolution des technologies de l'information bénéficie véritablement et pleinement à nos deux économies.
Je souhaite qu'en 2005, quand aura lieu l'exposition internationale d'Aichi, dont la France a soutenu activement la candidature, notre relation soit en quelque sorte le modèle du partenariat économique dans le monde. L'exposition d'Aichi va nourrir le dynamisme naturel de Nagoya et de sa région. La France et l'Europe y prendront toute leur part. Ce sera une rencontre très importante pour laquelle Nagoya et sa région joueront un rôle moteur. Et vous pouvez compter sur la France et sur ses entreprises pour œuvrer avec vous à la réalisation de cette belle et prestigieuse ambition.
Je vous remercie.
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