Allocution prononcée par M. Jacques CHIRAC, Président de la République française, devant la 26e assemblée générale de l'AIMF.
Bucarest – Roumanie , Mercredi 27 septembre 2006
Monsieur le Secrétaire Général de la Francophonie,
cher Président, Abdou Diouf,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Monsieur le Maire Général de Bucarest,
Monsieur le Maire de Paris, Président de l'AIMF,
Mesdames, Messieurs, mes chers amis,
C'est toujours une grande joie pour moi de me retrouver parmi vous, au sein de notre Association, une association dont vous m'avez fait l'amitié, il y a onze ans, de me confier la Présidence d'honneur. Nos rendez-vous, vous le savez, me tiennent profondément à cœur.
Pour la première fois, le mouvement francophone se réunit en Roumanie. Je tiens à saluer tout particulièrement, pour les remercier chaleureusement en notre nom à tous, les autorités, et naturellement le Président et le Premier Ministre de Roumanie, mais aussi le Maire de Bucarest en lui disant de transmettre à ses habitants combien nous sommes sensibles au fait que, malgré les encombrements que nous créons, malgré les difficultés que nous générons à l'égard de leur vie quotidienne, ils aient, j'ai pu le remarquer, sur la route, garder le sourire. Nous y voyons une marque d'amitié et je tiens, par votre intermédiaire, Monsieur le Maire, à les remercier chaleureusement.
Au coeur de l'identité de l'AIMF, il y a les villes, des villes dans lesquelles, vit aujourd'hui près de la moitié de la population mondiale. Carrefour des migrations et des flux de richesses, confluent des réseaux de communication, les villes sont le point d'aboutissement de millions d'aventures individuelles et collectives.
En mutation permanente, elles sont désormais au cœur des politiques que nos sociétés peuvent et doivent élaborer au service du bien commun. Car, si elles sont le lieu où peuvent se concentrer les injustices, les sentiments de rejet, les exclusions, les villes sont aussi des lieux d'expression, de dialogue et de création, de générosité et de solidarité. Elles sont des laboratoires de démocratie. C'est tout le thème de vos travaux sur " La Ville et l'éducation citoyenne ", dont vous venez de rendre compte.
Devant cette explosion du phénomène urbain, les maires sont naturellement en première ligne. Ils se doivent d'être toujours plus réactifs, toujours plus inventifs. Logement, urbanisme et transports, eau et assainissement, aide à l'enfance ou au grand âge, accès aux soins : voilà les défis pour lesquels l'AIMF se révèle un irremplaçable élément de soutien et d'échanges. C'est le seul forum nord-sud où les expériences les plus diverses sont fondées par une vision commune, celle de solidarité, de démocratie et de paix, des notions qui animent profondément le mouvement francophone.
Les membres de l'AIMF sont de plus en plus nombreux et donnent la mesure du succès rencontré depuis vingt-sept ans. Notre association est ainsi passée, le Maire de Paris le rappelait tout à l'heure, de 21 à 156 membres, représentant désormais 46 nations. Consciente des attentes qu'elle suscite et des enjeux de l'avenir, l'AIMF a ouvert ses portes aux associations de villes, qui jouent un rôle de plus en plus important, un rôle essentiel dans les préoccupations de décentralisation qui sont en cours. Cet élargissement devrait se poursuivre. Il était heureux et il doit se poursuivre.
L'AIMF s'est progressivement affirmée, au sein du mouvement francophone, mais aussi au-delà de ce mouvement. Les financements que vous avez su
mobiliser, Monsieur le Maire, Monsieur le Président, notamment au sein de l'Union européenne, témoignent de l'efficacité de votre action, portée par une philosophie du développement basée sur la solidarité, la réciprocité, le partenariat. Chacune de vos rencontres en porte le témoignage.
Cette action, grâce à l'extraordinaire réseau d'experts issus des villes membres, a permis la réalisation de plus de 500 projets dans près de 100 villes. C'est un extraordinaire bilan. Jamais je n'aurai imaginé, lorsque nous avons, avec quelques uns ici, créé cette association, que l'on puisse la développer sur un tel rythme et avec tel succès. Définition d'un plan d'urbanisme, construction d'un centre de santé ou d'un équipement scolaire, opération de valorisation du patrimoine : ces projets sont nés à l'écoute directe des populations concernées et à leur profit. C'est dans ce processus de concertation étroite que s'exerce, dans toute son efficacité, la démocratie locale.
La démocratie, qui est l'essence même de notre mouvement francophone, met l'État de droit au cœur de son projet. C'est bien le sens de votre action en matière d'état civil. Depuis Tunis, en 1994, et je suis heureux de saluer peut-être ici, je ne l'ai pas vu, l'ancien maire de Tunis, Monsieur M'AHMED ALI BOULEYMEN qui a tant fait à cette époque pour l'AIMF , en qualité de Secrétaire général et qui aujourd'hui a rejoint, ce dont je me réjouis beaucoup, par la volonté du Président Abdou DIOUF, les rangs de l'Organisation Internationale de la Francophonie. Depuis donc Tunis, en 1994, de nombreuses villes ont bénéficié de votre appui, et ce sont aujourd'hui des États, notamment Haïti ou le Mali, qui font appel à votre Association pour mettre en œuvre des projets d'envergure nationale.
Demain, avec mes homologues chefs d'État et de Gouvernement, nous nous réunirons sur le thème des technologies de l'information au service de l'éducation. Il s'agit d'un domaine où l'AIMF a été pionnière, avec notamment la réalisation, aujourd'hui, de 50 centres multimédias et le développement de systèmes d'information géographique.
Mes chers amis,
Au moment où s'achève votre Assemblée générale, je tenais à vous dire, une fois encore, ma joie de vous retrouver, mais surtout ma fierté du formidable travail accompli par notre Association et mon appréciation du rôle pilote de ses actions.
Je tiens à vous en rendre hommage, à vous toutes et à vous tous, maires et élus locaux francophones, et à votre action collective sous la présidence de M. Bertrand DELANOE, Maire de Paris et Président de notre association. Je tiens aussi à saluer tout particulièrement le dynamisme et l'engagement du Secrétariat permanent qui est au coeur de votre action quotidienne.
Plus que jamais, je crois en notre Association et en son avenir. Dans un monde troublé, ce sont souvent les populations des villes qui sont les premières victimes, à l'image de la tragédie, et je remercie Bertrand DELANOE de l'avoir souligné tout à l'heure, avec cœur et conviction, qui vient de frapper et d'endeuiller Beyrouth, qui nous accueillait il y a 4 ans. L'AIMF est en première ligne pour aider cette ville malheureuse à retrouver son éclat et sa magie. Je vous en suis très reconnaissant, Monsieur le Président, ainsi qu'à l'ensemble des maires francophones solidaires à l'égard de cette ville malheureuse.
En instaurant le dialogue, l'échange, le partage, sur la base de véritables relations de partenariat, notre association œuvre concrètement au développement, à la démocratie, à la coopération et, profondément, à la paix.
Je vous remercie.
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