Discours de M. Jacques CHIRAC, Président de la République lors de l'inauguration de "l'Artère", - le jardin des dessins- , à l'occasion de la journée mondiale de lutte contre le sida.

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Parc de la Villette, Paris le vendredi 1er décembre 2006



Messieurs les Ministres,
Madame l'Adjointe au Maire représentant Monsieur le Maire de Paris,
Mesdames et Messieurs les Elus,
Monsieur le Président de Sidaction,
Chère et admirable Line RENAUD, militante de la cause,
Monsieur le Président du Parc et de la Grande Halle de la Villette,
Mesdames et Messieurs les représentants des associations,
Mes chers amis,

En cette journée mondiale de lutte contre le sida, j'ai naturellement souhaité être parmi vous pour réaffirmer notre engagement déterminé aux côtés des malades et dans la lutte contre l'épidémie.

Nous venons de découvrir l'" Artère ", cher Maître : c'est une œuvre magnifique, c'est une oeuvre émouvante. Elle n'aurait pas existé sans l'association Sidaction et l'engagement constant de son Président, Monsieur Pierre BERGÉ et de sa Vice-présidente, Madame Line RENAUD. Je tiens à leur rendre un hommage tout particulier. Je veux dire aussi toute ma reconnaissance aux représentants admirables des associations. Leur action, en France et dans le monde, pour l'accompagnement et la défense des droits des malades, pour la prévention, pour le dépistage, pour la sensibilisation de nos concitoyens, pour l'accès universel aux traitements, est une action évidemment capitale.

Votre œuvre, Fabrice HYBER, a les couleurs de la mémoire et de la vie. Elle inspire le recueillement dans le souvenir partagé de tant de destins brisés. Mais au-delà, c'est une œuvre forte de mobilisation et d'espoir. Dessins, symboles et mots présentent toutes les facettes de la lutte contre le sida : la peur, l'ignorance, la colère, mais aussi l'amour et l'espérance.

Ici, dans cet espace populaire qu'est le Parc de la Villette, contre les préjugés, l'ignorance et l'indifférence, cette oeuvre rappellera à tous la réalité du sida.


Car ne l'oublions pas, le Président Pierre BERGÉ l'a, à juste titre, rappelé. A l'heure où les progrès thérapeutiques peuvent banaliser la perception de cette maladie, à un moment où les associations rencontrent, de ce fait, des difficultés à faire passer leur message nécessaire, la réalité, c'est que, chaque jour, le sida gagne du terrain. Près de sept mille personnes ont encore été contaminées l'année dernière.

Le sida n'est pas une maladie chronique banale. Partout, notamment chez les jeunes, il continue de répandre la souffrance, il continue à faucher des vies.

C'est pour cela que j'ai voulu relancer la prévention et rendre les moyens de protection moins onéreux et plus accessibles partout. Je salue l'engagement pionnier des pharmaciens, des buralistes, des distributeurs de presse. Je remercie l'association AIDES et son président pour leur engagement déterminant à ce sujet.

Mais j'en appelle à la mobilisation de tous : aujourd'hui encore, la moitié des malades découvrent leur séropositivité au moment du diagnostic. Installer dans les esprits le réflexe du dépistage, c'est un devoir pour chacune et chacun d'entre nous.

La lutte contre le sida n'est pas qu'une question de santé publique. Le sida nous rappelle tout le prix des valeurs de tolérance, de solidarité et de respect.

Au cœur de mon action, il y a le combat contre les discriminations dont sont encore victimes les personnes malades ou séropositives. Je me félicite de l'action de la Haute autorité de lutte contre les discriminations. Quant aux associations, elles ont, une fois de plus, un rôle extrêmement efficace dans la négociation de la nouvelle Convention pour l'accès à l'assurance et à l'emprunt des personnes malades. J'ai demandé que les avancées de cette convention soient consacrées par la loi, de façon à les rendre irréversibles.


Enfin, je veux redire la détermination de la France à promouvoir l'accès universel aux traitements. Dans le monde, près de 40 millions de personnes vivent avec le virus : la majorité d'entre elles, en particulier en Afrique, n'a toujours pas accès aux médicaments.

La France a soutenu la création du Fonds mondial. Avec 300 millions d'euros l'an prochain, elle en est le deuxième contributeur. Mais l'augmentation de l'aide publique ne suffit pas. C'est pourquoi, j'ai souhaité la mise en place d'une contribution de solidarité sur les billets d'avion, contribution qui est effective depuis le 1er juillet dernier. L'essentiel de son produit sera affecté à UNITAID, la Facilité internationale d'achat de médicaments. Une grande part, une très grande part de son activité sera consacrée à la lutte contre le sida. A la mondialisation de l'économie doit évidemment répondre une mondialisation de la solidarité.


Mesdames et Messieurs,

Nous sommes ici, aujourd'hui, pour honorer la mémoire de toutes les victimes. Pour témoigner de notre solidarité avec toutes les personnes touchées par le sida. Pour faire progresser la connaissance et les consciences. Pour dire notre admiration et notre reconnaissance à toutes celles et à tous ceux dont la lutte contre le sida est un combat quotidien. Un combat pour l'humanité, un combat pour la vie.

Je vous remercie.